Lundi 8 février se tenait dans la salle de bal du SSMU la conférence « Indigenous Community, Resistance, and Media », (Communautés autochtones, résistance et média, ndlr). Elle était centrée sur la manière dont les médias traditionnels représentent les Premières Nations, et comment trois journalistes issus de cette minorité se battent pour leurs droits. Les trois intervenants mohawks (une des six nations iroquoises) venaient changer le regard occidental porté sur leurs communautés. Irkar Beljaars travaille pour la radio, il vient de Montréal ; Kahnentinetha est une grande activiste, née à New-York, elle travaille pour le Mohawk Nation News (MNN). Enfin, Steve Bonspiel travaille pour The Eastern Door (la Porte Est, ndlr) et vient de Kanesatake, une des communautés mohawk.
Fausse représentation
Ce qui est principalement ressorti est la frustration des trois journalistes de sans cesse voir leurs communautés incorrectement représentées dans les médias courants. Si l’on sait que les médias sont sélectifs et proposent une vue partielle de chaque situation, il faut admettre qu’ils renvoient une image fausse des Premières Nations. La plupart des journalistes ne connaissent pas les communautés dont ils parlent, et permettent par leur ignorance la perpétuation de l’image d’un autochtone drogué ou de la femme prostituée. Selon les intervenants, ils ne prendraient pas en compte la diversité des communautés natives ou leurs particularités culturelles (par exemple, le fait que la plupart des Premières Nations sont des sociétés matriarcales et non patriarcales comme les sociétés occidentales). Le mauvais rôle leur serait sans cesse attribué : les journaux mettent en avant un mode de vie différent qui serait à l’origine de leurs problèmes, en oubliant que les autochtones sont les victimes du système canadien depuis sa création. Le Journal de Montréal a été cité comme étant « le pire ».
De plus, les journaux traditionnels ne reflèteraient pas les préoccupations des Premières Nations. Ils ne donnent pas une image fidèle du passé et ne couvrent pas certaines crises importantes qui ont lieu dans les communautés. Par exemple, la crise d’Onondaga (une des six nations iroquoises) qui eut lieu en 1997, n’a jamais été mentionnée par les journaux, alors qu’elle impliquait les forces armées américaines contre une communauté native.
Il ne faut pas oublier que les membres de cette communauté sont en colère et doivent être en colère, car ils ne peuvent oublier leur histoire et leur quotidien douloureux : le génocide qui a eu lieu, les pensionnats, le vol de leurs terres, le racisme dont ils sont perpétuellement victimes, les femmes tuées et disparues auxquelles justice n’a jamais été rendue, la crise d’Oka… La liste est bien longue et ne cesse de s’allonger.
Retourner à la source
Selon les conférenciers, les personnes qui veulent en apprendre plus sur les Premières Nations, leur quotidien et leur combat, doivent lire directement ce que les journalistes issus des communautés autochtones écrivent afin de revenir à la source de l’information. Un nombre assez considérable de journaux autochtones sont accessibles sur Internet.
Ceux qui pensent que l’État du Canada a été bâti sur des terres volées et que cette communauté est victime d’injustice doivent leur donner la parole et se battre avec eux. L’importance de la participation des Canadiens n’est pas négligeable. Leur statut interne leur permet d’avoir un impact sur le système ce qui est capital, étant donné que beaucoup de membres des Premières Nations ne considèrent pas en faire partie.
Pendant deux heures de discussions parfois fortes en émotion, c’est un discours amer, mais plein d’espoir que sont venus transmettre les intervenants. Avec sourire et entrain, ils invitent tous ceux qui les soutiennent à se battre avec eux, et tous ceux qui leur portent intérêt à venir les visiter pour juger par eux-mêmes de leur quotidien.