Les utilisateurs de l’application STM (Société de transport de Montréal) l’auront peut-être remarqué : il y a de cela quelques jours une notification annonçait que, dû aux intempéries hivernales, les bus ne pourraient plus déployer la rampe d’accès pour les personnes à mobilité réduite. Si ce n’était qu’en cas de tempêtes majeures, ce n’est pas la première fois que la STM déçoit ses utilisateurs qui doivent bénéficier des aménagements pour personnes handicapées. Hiver comme été, la STM se félicite de ses maigres efforts mais ses utilisateurs sont discriminés, au point de porter plainte.
Les conditions hivernales ou la partie visible de l’iceberg
Selon la STM, tous ses bus sont munis d’une rampe d’accès pour les chaises roulantes, et le fait que les bus soient plutôt bas généralement facilite l’accès pour les personnes à mobilité réduite. En théorie, la STM s’est donc adaptée et modernisée.
Néanmoins la pratique reste très différente de ce qui a été promis. Tout d’abord, si tous les bus ont une rampe d’accès, tous les trottoirs ne permettent pas l’utilisation de telles installations. Pour de nombreuses personnes à mobilité réduite, le bus doit s’arrêter (au moins) un arrêt plus loin pour pouvoir leur permettre de descendre. Il est facile de comprendre les inconvénients causés par cette indisposition, particulièrement pour les personnes handicapées qui doivent prévoir leurs déplacements avec plus de précision.
De plus, les nombreux travaux dans la ville de Montréal entraînent des détours vers des arrêts qui ne sont plus du tout adaptés et qui mettent ces personnes dans des situations encore plus délicates qu’auparavant. Ceci ne relève que marginalement de la responsabilité de la STM : il revient à la ville de Montréal d’entretenir ses trottoirs. Toutefois, la STM ne peut se permettre de mentir sur ses services et se féliciter de ses mesures d’accès, si en réalité les personnes à mobilité réduite doivent s’adapter à de nombreuses autres contraintes dont elles ne sont pas nécessairement prévenues. Se déplacer en transport en commun devient un exercice laborieux qui nécessite de longues préparations, et empêche toute liberté de mouvement ponctuelle.
Si les bus sont un souci, le métro lui est inaccessible dans la majorité des cas : seulement 8 stations sont équipées d’ascenseurs, sur 68 au total. De nombreux ascenseurs, très coûteux (environ 15 millions de dollars par ascenseur), ont été promis mais les travaux s’éternisent. La STM appelle à la patience, mais de toute évidence la réalité n’est pas à la hauteur de ses promesses.
Une offensive contre la STM
En avril dernier, le problème avait atteint un tout autre niveau, qui soulignait l’importance d’avoir un système de transport en commun adapté à tous, et le sentiment d’injustice qui peut résulter si une minorité n’a pas accès à des services basiques comme les transports. Un organisme représentant les personnes à mobilité réduite a lancé des poursuites judiciaires en avril dernier contre la STM, demandant une compensation de 5 000 dollars par personne, pour environ 20 000 plaignants.
Linda Gauthier, membre du Regroupement des activistes pour l’inclusion au Québec (RAPLIQ), décrit cette situation comme une atteinte aux droits humains, et soutient que les personnes à mobilité réduite ne sont pas considérées comme des citoyens lorsqu’on en vient aux transports en commun. L’accès aux transports en commun est une partie essentielle de la vie des habitants de Montréal. Laurent Morissette, un autre membre de RAPLIQ, rappelle à tous que l’utilisation de ces transports facilite la réussite sociale et économique ; ce n’est donc pas seulement une histoire de déplacement, mais bien un problème d’intégration et de respect des citoyens.
Hiver ou pas hiver, il semble donc essentiel qu’en 2016, la STM prenne enfin le taureau par les cornes et apporte au moins l’investissement et l’aménagement nécessaires afin qu’un de ses services de transports soit disponible en tout temps à l’ensemble de ses utilisateurs.