Mercredi 16 mars dernier se tenait un atelier intitulé Aujourd’hui ! La grève continue : leçons du Printemps érable. Il était organisé par le comité des affaires externes de l’AÉUM et l’association McGill contre l’austérité. Les deux animateurs, Kevin et Becca, étaient des étudiants à McGill lors du Printemps érable, ayant dévoué la majorité de leur temps à ce mouvement étudiant.
Rétrospective d’un mouvement marquant
Le Printemps érable est la réponse étudiante au plan du Parti Libéral du Québec, annoncé le 18 mars 2011, d’augmenter de 1625 dollars sur cinq ans les frais de scolarité universitaire. Ce mouvement débute le 13 février 2012 et se termine officiellement le 7 septembre 2012.
En février, quelques associations départementales commencent à voter des mandats de grève, mais la grève débute seulement lorsque 20 000 étudiants votent pour celle-ci. De semaines en semaines, le mouvement de grève prend de l’ampleur. Le 7 mars 2012, lors d’une manifestation devant Loto-Québec, un étudiant perd un œil aux mains de la police, ce qui marque la première grande blessure du printemps. Le 22 mars, 400 000 personnes défilent dans les rues. Tous croient que le gouvernement commencera bientôt les négociations. En vain. Commence alors une campagne de perturbation économique : les étudiants bloquent des ponts, des ports et des réunions de banques, dans l’espoir de pouvoir négocier avec le gouvernement.
C’est seulement après une manifestation devant le salon du « Plan Nord » que le gouvernement décide de négocier avec les fédérations d’associations étudiantes. Après une entente qui tombe à l’eau, plusieurs manifestations sont organisées sous le nom de « une manif par soir, jusqu’à la victoire ». Au mois de mai, le gouvernement libéral passe une loi spéciale mettant fin aux sessions universitaires, rendant illégal le blocage des entrées de cours et réclamant qu’un itinéraire soit donné pour tout rassemblement de plus de cinquante personnes.
Puis, l’été diminue l’ampleur du mouvement, et celui-ci finit par s’essouffler complètement suite à l’élection du Parti Québécois au mois de septembre. Pauline Marois annule le projet d’augmentation des frais de scolarité, mais instaure leur indexation sur l’inflation.
Et la morale de l’histoire ?
L’atelier se termine par une discussion sur les points forts, les lacunes et les leçons à tirer de ce mouvement social. La majorité des acquis reposent sur la taille du mouvement, le développement de compétences concrètes et de relations.
Cependant, le mouvement contenait beaucoup de lacunes, particulièrement au niveau des dynamiques à l’intérieur des sphères organisatrices. Celles-ci souffrirent d’un manque accru de diversité, très largement composées de personnes blanches et masculines. Les rapports au sein de ces sphères sont souvent misogynes et racistes. Le regroupement d’étudiants Students of Colour Montréal a donc soumis une motion anticolonialiste et antiraciste à la CLASSE (Coalition large de l’ASSE, une des fédérations d’associations étudiantes). Celle-ci a été acceptée, mais aucun changement concret n’a été ressenti.
Les conférenciers affirment que les différences de points de vue des groupes ayant participé au mouvement et l’obligation des votes de grève en assemblée générale ont causé la fin abrupte du mouvement. Ils dénoncent aussi le culte de la personne qui s’est développé autour des dirigeants des fédérations d’associations, ainsi que l’opportunisme politique de ceux-ci.
En bref, bien que le Printemps érable ait été pour certains une réussite, tant par son ampleur que par ses répercussions, les organisateurs de l’atelier affirment qu’il faudra à l’avenir ne pas en répéter les erreurs.