Promouvoir un nouvel entrepreunariat social à McGill.
« Inverser la rhétorique » : voici les mots clés du SLASummit. Le Sommet pour le Développement Durable en Amérique latine (Sustainability in Latin America Summit, ndlr) qui s’est déroulé du 17 au 20 mars 2016, se concentre prioritairement sur une approche durable au changement social. Ce projet d’envergure pose une question toute bête : comment changer la vie d’une communauté avec 5000 dollars canadiens ?
Deux jours : c’est le laps de temps que vingt équipes composées chacune de cinq étudiants ont pour plancher sur un plan de développement spécifique à une communauté d’Amérique latine. Mais le SLASummit est avant tout un événement international, réunissant des étudiants de 150 établissements d’Amérique du Nord et des experts de l’Amérique du Sud. Le but est d’allier perspectives sociale et économique. « On ne veut pas proclamer que l’on va éradiquer la pauvreté en Amérique latine » rapporte Constance, une des organisatrices, « on veut juste proposer un modèle de développement pour une communauté de 20 à 30 personnes ». Le projet est concret et ciblé : limité en ampleur et en financement, il est par ailleurs encadré par des associations caritatives et des organisations non-gouvernementales. Cette approche, qui pourrait paraître au premier coup d’œil verticale et hiérarchisante, est en fait un nouveau modèle de développement qui met l’accent sur les besoins de la communauté. En essayant d’inverser la rhétorique, le SLASummit marque une nouvelle approche, plus horizontale cette fois-ci, au développement durable.
Cette deuxième édition du sommet a été couronnée de succès. Grâce à une équipe surmotivée et une organisation sur le pied-de-guerre, le SLASummit s’est déroulé sans encombre. Projet d’une année, le sommet parvient à tenir ses promesses.
Premièrement, il a permis de proposer un projet qui s’inscrit dans la logique de durabilité à une communauté spécifique d’Amérique latine.
Ensuite, il a réussi à mettre des étudiants d’horizons et de spécialisations diverses (Développement international, génie civil, sciences et ressources humaines, etc.) en collaboration.
D’autre part,il a facilité l’échange entre étudiants et experts grace à des intervenants et des coaches pour chaque équipe.
Par ailleurs, il a rendu possible une transmission bilatérale et horizontale entre participants et locaux par le biais des associations non-gouvernementales.
Enfin, il a mené une lutte contre le « volontourisme » ou l’attitude de touriste durant un engagement bénévole dans une région défavorisée.
Du networking à la session de clôture, les participants auront travaillé d’arrache-pied pour prendre à corps et à cœur la cause de la communauté dans laquelle ils œuvraient. « L’important pour nous, c’est que le changement intervienne, et qu’il intervienne vite » nous dira Camila, une des coordinatrices de l’événement. ‑Sarra Hamdi
Les initiatives étudiantes décollent en Amérique Latine.
Haïti, Mexique et Pérou. Trois pays visés par le SLASummit en cette édition 2016.
Afin de remporter 5000 dollars canadiens et trois billets d’avion pour implanter leur projet dans la communauté visée, les trois équipes finalistes, toutes composées d’étudiants, ont présenté leurs idées aux juges le 19 mars dernier.
La première proposition visait le village mexicain de Chepeginio et suggérait l’installation d’un système de collection de la brume. Cet endroit, dépendant lourdement de l’agriculture en matière de revenus, souffre d’un manque d’eau propre malgré sa haute altitude et le système de collection d’eau de pluie déjà implanté. Les villageois, aux prises avec divers problèmes de santé, liés à la consommation d’eau souillée, profiteraient grandement de ce projet intégratif. En effet, cela les amènerait à s’occuper eux-mêmes des filets et à récolter l’eau pure récoltée au travers de la brume. Des projets similaires ont déjà été réalisés au Chili et au Pérou, prouvant l’efficacité de ce système.
La seconde proposition concernait le village de Parobamba, au Pérou. Fidèles à leur culture, les femmes de la communauté ont pour source de revenus la vente de textiles traditionnels teints. Malheureusement, les plantes utilisées pour la teinture se raréfient du fait de mauvaises techniques d’utilisation des terres et d’un manque de cochons d’Inde qui servent de fertilisants. Proposant de construire un jardin écologique communautaire et éducatif, d’augmenter la population de cochons d’Inde ainsi que celle d’abeilles qui polliniseraient les plantes, ce projet peu coûteux aurait d’importantes retombées sur le village et particulièrement sur les femmes. Il permettrait de maintenir l’utilisation des plantes employées dans la fabrication de teinture et, ultimement, des vêtements traditionnels péruviens.
La troisième et dernière proposition s’intéressait au village haïtien de La Digue. La source d’eau la plus proche se situant à 2,5 kilomètres, ce sont les femmes qui portent le fardeau d’aller chercher de quoi boire pour leur famille. Suggérant l’installation d’une infrastructure qui collecterait l’eau de pluie localement, complétée par l’achat de filtres d’eau en céramique, ce projet créerait de l’emploi pour les femmes qui seraient en charge de la location des filtres. De plus, l’infrastructure construite aurait un espace suffisant pour abriter, par exemple, une salle de classe ou un espace de réunion.
C’est finalement le projet du jardin écologique au Pérou qui a remporté le grand prix de 5000 dollars canadiens, avec une avance de quatre points parmi les neuf juges. C’est sa simplicité, son implication des gens de la communauté ainsi que ses retombées culturelles et économiques qui ont permis que cette idée deviendra réalité d’ici les prochains mois. ‑Magdalena Morales