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Républicains et Démocrates : du pareil au même ?

Le Délit dresse le portrait des deux candidats à la présidentielle américaine.

Mahaut Engérant | Le Délit

 

Depuis la fin de la guerre froide, la stratégie géopolitique des États-Unis s’est construite sur un discours prônant des valeurs démocratiques. Cependant, une vraie démocratie propose de vrais choix, de véritables alternatives, mais proposer de vrais choix est une prise de risque pour la stabilité d’un pays si important sur la scène internationale. Depuis plusieurs décennies, les citoyens américains ne sont pas en mesure de voter sur des décisions qui auraient véritablement ébranlé le fonctionnement économique et le positionnement géopolitique du pays. Selon l’éminent penseur américain Noam Chomsky, les partis républicain et démocrate ne sont qu’en fait que deux factions du même parti. Même si les deux partis en question présentent des différences, Chomsky explique que le pluralisme des partis ne fait pas du pays une démocratie. Il qualifie le système politique américain de « polyarchie » : un système dans lequel le pouvoir est entre les mains de plusieurs organes, et en l’occurrence aux États-Unis, entre les mains des élites financières.

Au final, « le pays a fini par présenter au monde un visage que les élites mondiales trouvent attractif, mais que ses propres citoyens ont de plus en plus de mal à reconnaître » nous dit Caldwell. Le succès du social-démocrate Bernie Sanders, candidat représentatif d’une gauche sociale, réformiste, désirant renverser le système capitaliste actuel, en est la preuve. Allant jusqu’à réclamer, notamment, le financement de la gratuité des universités par des taxes sur les spéculations financières et bancaires —un impôt sur les spéculations boursières en somme — l’abolition de la peine de mort, une couverture santé publique et universelle pour tous les américains payée par l’impôt, il a su enthousiasmer beaucoup d’Américains, jeunes et moins jeunes, désireux de voir un véritable bouleversement du système actuel vers plus de justice sociale. Plus dangereusement, le succès de Trump est aussi la conséquence du désir de changement, de cet attrait vers l’« anti-establishment » (s’opposant aux “élitistes” sphères de pouvoir de Washington DC, ndlr) de l’électorat américain.

Le malaise Clinton et son incapacité à inspirer confiance

Figure de la politique démocrate américaine depuis plus de 40 ans, Hillary Clinton représente aux yeux de beaucoup cette élite en laquelle les perdants de la mondialisation et ceux qui plus largement luttent contre l’ « establishment », qu’ils soient de droite ou de gauche, ne croient plus. La candidate démocrate a été accusée de corruption, de fraude, ou même de trahison comme récemment dans l’affaire des courriels (Clinton, étant secrétaire d’État, ayant géré sa boîte mail regorgeant d’information sensible depuis un serveur privé possiblement exposé à des attaques extérieures, ndlr), mais aussi l’objet d’accusations de conflit d’intérêts depuis sa prise de fonction en tant que secrétaire d’État, en raison des nombreux financements d’États étrangers reçus par la Clinton Global Initiative, la fondation créée par Bill Clinton en 1997.

Parmi les principaux donateurs de la fondation figurent notamment des États arabes comme l’Arabie Saoudite, Oman, ou encore le Qatar. L’argent engrangé par la fondation Clinton a fait l’objet d’un livre de Peter Schweizer publié en mai 2015. L’ouvrage met en lumière les liens d’intérêts unissant l’opaque fondation Clinton avec des donateurs étrangers qui auraient bénéficié de décisions favorables de la part de Hillary Clinton alors qu’elle était en charge de définir la politique étrangère des États-Unis. Par exemple, les Clinton sont accusés d’avoir aidé le développement de miniers canadiens et leur rachat par le producteur d’uranium russe Rosatom, suite au don de plusieurs dizaines de millions de dollars à la fondation. Ces accusations ôtent de la crédibilité à Hillary Clinton, et renforce celle de Trump, qui promet de lutter contre les élites corrompues, un combat qu’il se targue de pouvoir mener mieux que quiconque car il connaît bien ce petit monde auquel il a appartenu des décennies durant (Trump a par le passé contribué aux campagnes électorales de Hillary Clinton).

Donald Trump accuse ainsi son adversaire démocrate d’avoir « transformé le département d’État en fonds d’investissement personnel ». Pour beaucoup de républicains, son nom est prononcé avec mépris : celui d’une néolibérale (liberal au sens américain du terme) progressiste, ayant fait des études dans les grandes universités de l’Ivy League (circuit restreint des plus prestigieuses universités américaines, ndlr).

Trump : Politiquement incorrect au grand plaisir de ses partisans ?

En luttant contre le politiquement correct, Trump cherche à apparaître comme celui qui dit tout haut ce que les américains pensent tout bas, comme l’homme providentiel qui seul peut rendre aux États-Unis le prestige que le milliardaire déclare disparu. Collectionnant les remarques misogynes, blessantes à l’égard du physique ou du handicap de ses opposant(e)s et reposant ouvertement sur des préjugés racistes, Trump dépasse les clivages et apparaît comme un candidat républicain hors-norme, se plaçant au-delà de la polarisation.


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