Les shinigamis (dieux psychopompes dans la culture japonaise ndlr): Thanatos, Anubis, la Faucheuse, la Mort obsèdent l’Homme dans sa quête d’identité. Savoir qui nous sommes, c’est aussi prendre conscience de nos limites et de nos failles. Répondant à l’appel du public, la 45e édition du Festival du nouveau cinéma — qui propose des œuvres cinématographiques inédites et internationales — se dote de nombreux films en rapport avec la mort, qu’on en soit le sujet ou l’objet, notamment avec une série flamande du nom tout aussi flamand de Beau-Séjour.
Valsant élégamment entre thriller et surnaturel, cette série narre les péripéties de Kato, adolescente qui se réveille en sang dans un hôtel après un festival arrosé. Déboussolée, sans souvenir de la nuit précédente, elle se hâte de rentrer chez elle où l’attend sa mère, inquiète, qui avait déjà alerté la police. C’est l’occasion de retrouvailles chaleureuses, les voisins sont invités, tout le monde est heureux, fin… ou pas. En réalité, la mère de Kato semble ne pas pouvoir percevoir sa présence. « Elle est morte » se dit alors le spectateur. Pas si simple : son père, et d’autres, continuent de la voir.
Au fil des deux épisodes qui furent diffusés pendant le festival, une ambiance très particulière se développe. Même si la question de l’identité de l’agresseur reste importante, elle n’est toutefois pas centrale. L’attention est au contraire mise sur les relations entre les personnages. On est touché par le père qui semble dépassé par la réalité, mais qui se démène pour protéger sa fille. Lorsque la mère enterre sa fille, on pleure avec elle.
Néanmoins, le métrage n’est pas un tire-larme. Entre deux plans larges emplis de brume très esthétiques, les situations de quiproquo ou burlesques deviennent rapidement drôles : vous avez toujours rêvé de voir sur quelle musique danse un médecin légiste ? Alors mettez-vous au flamand !