Ils sont sept : Bruno Le Maire, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet, Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé, Jean-Frédéric Poisson, et François Fillon. Tous adhèrent aux valeurs républicaines de la droite et du centre. Tous prétendent à la présidence de la France. Mais seul l’un d’entre eux représentera la droite aux élections présidentielles de 2017. L’heureux élu devra avant tout franchir une barrière majeure : celle des primaires, dont le premier débat a eu lieu jeudi 13 octobre.
Un débat au format organisé
Ce premier grand oral était organisé par RTL, Le Figaro, et TF1 et était diffusé au bistrot Chez Alexandre à Montréal en présence de Frédéric Lefebvre, député Les républicains des français établis aux États-Unis ou au Canada. Dans une ambiance juppéiste — l’événement étant organisé par le comité de soutien montréalais à Alain Juppé — nous avons écouté pendant 2 heure et demi les candidats s’exprimer devant un podium, « à l’américaine », pendant près de 17 minutes chacun. Ils ont tous pu s’exprimer sur les thèmes qui préoccupent le plus les français : sécurité, chômage, système des retraites, en passant par l’identité, l’immigration et la laïcité.
Un débat musclé sur les questions sociétales
D’entrée, certains candidats ont sorti les crocs. En commençant par Bruno Le Maire, se positionnant seul candidat au renouveau politique de la France tout en dénigrant l’ensemble de ses concurrents : « si vous voulez que tout continue comme avant, vous avez tout ce qu’il faut sur ce plateau ». Le ton était donné d’entrée de jeu. S’en sont suivis les multiples interpellations de Nicolas Sarkozy vis à vis de l’ex-ministre du budget Jean-François Copé, qui s’est trouvé la cible d’attaques virulentes de la part de son chef de parti durant l’intégralité du débat.
Se mélangeant les pinceaux à plusieurs reprises notamment à l’heure d’évoquer le terrorisme – question à laquelle Copé répond en évoquant la laïcité, puis la dépénalisation du cannabis – l’ancien ministre du budget a été mis à terre par l’ex Président de la République lors de l’évocation du port de la burqa : « Tu étais bien incapable d’imposer au président ou au premier ministre quoi que ce soit ».
De plus, un vif échange entre le favori Juppé et le jeune Le Maire sur « la culture » et l’«identité française » a également marqué l’attention des spectateurs, faisant ressortir, aux yeux de tous, deux candidats de taille dans cette course à la présidence. De son côté, l’ancien premier ministre François Fillon a utilisé son franc-parler pour clairement présenter ses idées tout en se montrant à l’aise et préparé. Néanmoins, il est apparu pour le moins peu convaincant.
Quant à Nathalie Kosciusko-Morizet (NKM), la seule femme en lice est apparue tendue et sur-préparée, alors que son homologue Jean-Frédéric Poisson s’est un peu noyé face aux questions des journalistes. N’étant pas bien dans son bocal, le président du Parti chrétien démocrate ne s’est pas mouillé sur grand nombre de questions. Lui, qui participe automatiquement à la primaire en tant que Président de son parti, a refusé de surenchérir sur les polémiques concernant la distinction entre assimilation et intégration et l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires.
Un optimisme et des similarités sur le plan économique
Seul Poisson « ne sent pas une liesse collective » pour réformer les 35h. Seul Poisson n’aborde pas le respect de la règle d’or budgétaire imposée par Bruxelles et seul Poisson ne débat pas sur la baisse du nombre de fonctionnaires : seul candidat donc à s’éloigner de la doxa républicaine, suivie à la lettre par les six autres candidats.
Hormis la discussion musclée entre Copé et Sarkozy sur la TVA, les 6 candidats Les républicains s’accordent à dire qu’il faut réformer le temps de travail dans les entreprises, régénérer la vie syndicale ou encore faire des aides sociales des versements dégressifs. Comme l’expliquent NKM et François Fillon, l’emploi doit être relancé afin de lutter contre le chômage. Qui l’eût cru ? « Le travail, pour moi, c’est la priorité absolue », assène Bruno Le Maire, tandis que Juppé assure que « le plein emploi est possible ». De son côté, François Fillon veut « supprimer la durée légale du travail », et s’accorde ainsi sur les lignes de Nathalie Kosciusko-Morizet qui affirme, elle, qu’«il faut négocier le temps de travail dans les entreprises » et que « le système fiscal est injuste et complexe ». Tant de ressemblance sur le plan économique n’a pas aidé les candidats à se distinguer, et ce débat n’aura pas bousculé l’ordre des choses ni significativement modifié la dynamique de la campagne.