Le Délit se prononce en faveur de la continuation de la redevance étudiante reçue par CKUT, la seule radio communautaire mcgilloise, et dont la survie dépend.
Créée sous le nom de Radio McGill dans les années 1940, CKUT émet sur les ondes FM depuis 1987. Aujourd’hui, CKUT est en direct de ses studios sur la rue University, 365 jours par an, 24 heures par jour. Régulièrement désignée comme l’une des rares radios montréalaises indépendantes et de qualité, CKUT contribue au rayonnement extérieur de l’Université ainsi qu’à la vie communautaire montréalaise, permettant à de nombreux artistes et activistes locaux de s’exprimer. Elle forme au quotidien des dizaines de volontaires mcgillois aux métiers de la radio, aidant Le Délit et autres publications étudiantes à remplir le rôle d’une école de journalisme officieuse à McGill. CKUT offre aussi la possibilité à de nombreux étudiants d’y travailler en parallèle de leurs études, et aux étudiants en musique d’obtenir une première expérience professionnelle, en aidant à sa programmation musicale.
Après que la radio se soit vue refuser une augmentation de 1.50 dollar de sa redevance étudiante lors d’un référendum à l’automne passé, elle est d’ores et déjà en grande difficulté financière, essuyant une perte de 40 000 dollars l’année passée. Cette redevance représente 54% de ses revenus, la supprimer reviendrait à condamner CKUT à disparaître et cesser d’émettre au 90.3 FM.
Dans une démocratie, les médias sont d’une importance critique : ce sont eux qui, en se plaçant entre les faits et le peuple, fourniront à ce dernier une représentation — ou des outils de représentation — du monde. Autrement dit les médias façonnent notre perception des réalités politiques, économique et sociales, dans notre propre intérêt, afin de nous aiguiller vers une voie raisonnée et constructive. Cependant, face à cet idéal (utopique?) viennent se confronter des difficultés bien réelles : aux pressions publicitaires, actionnariales et gouvernementales s’ajoutent l’auto-censure, les clivages partisans ou — phénomène nouveau mais pas moins puissant — l’infotainment. Ce tout, associant caricatures grotesques et simplistes de la chose politique au click-bait, livrent des citoyens désarmés et désabusés face à une réalité qui, dès l’adolescence, leur semble percluse d’injustice, et à laquelle seul le mantra « c’est comme ça » sera proposé.
Être journaliste citoyen c’est simple : ouvrez un blog, parlez du fait que Jennifer ne met pas de shampooing, bardez de pub et un jour, peut-être, finirez vous sur le glorieux Buzzfeed.
Être un bon journaliste c’est plus compliqué.