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Quand santé féminine rime avec luxe

L’AÉUM adopte une motion pour la distribution de produits hygiéniques gratuits. 

Adèle Mour

Offrir gratuitement sur l’ensemble du campus des produits de protection périodique pour femmes (serviettes hygiéniques et tampons), telle était une des volontés d’Elaine Patterson, v.-p. à la vie étudiante de l’AÉUM (Association des étudiants de l’université McGill, ndlr), à son début de mandat. Considérée par beaucoup d’associations et d’étudiant•e•s comme une « politique progressiste », la motion sur les produits hygiéniques menstruels gratuits a été adoptée jeudi dernier lors du conseil législatif de l’AÉUM. Le corps étudiant sera bientôt consulté par référendum pour approuver ou rejeter les frais associés à cette politique : 0,90 dollars canadiens par étudiant•e par semestre. 

Cela permettrait de fournir à chaque étudiant•e dix serviettes et dix tampons par cycle sur une durée de huit mois. D’autre part, ce service pallierait, à l’échelle du campus, une discrimination souvent ignorée et méconnue du grand public : la « taxe rose ».

Tampon, produit de « luxe »

On connaît l’expression « il faut souffrir pour être belle ». Il semblerait qu’être « belle » et en bonne santé requiert également un portefeuille bien fourni. La « taxe rose » ou « taxe tampon » désigne la discrimination qui est faite vis-à-vis des produits destinés à la gente féminine et souvent repérables par leur couleur rose. Considérés comme produits de luxe, ces derniers affichent des prix plus élevés que les autres produits « masculins » et/ou de première nécessité (le papier toilette par exemple). Ce marketing genré (qui différencie ses produits et ses prix selon les normes de genre, ndlr), et sexiste, coûte en moyenne 1 400 dollars de plus par an à une femme qu’à un homme aux États-Unis. 

Au Canada, depuis la pétition #NoTaxOnTampons (#PasDeTaxesSurLesTampons, ndlr), le gouvernement a ôté les taxes sur les protections périodiques pour femmes qui s’élevaient à 5%, depuis le 1er juillet 2015. Il en demeure toutefois que maintenir sa santé menstruelle reste un luxe pour les individus — femmes ou non-femmes (personnes transgenres) — ayant leurs menstruations et vivant dans la précarité. 

Sensibiliser les étudiant•e•s

La politique viendrait donc revaloriser la santé menstruelle (liée aux cycles menstruels, ndlr), alors que la santé sexuelle sur le campus est déjà largement promue. Les deux sont pourtant intimement liés, et la distribution gratuite de préservatifs sur le campus et dans les résidences devrait s’accompagner d’une distribution de produits hygiéniques menstruels. 

Au cœur de la politique adoptée est également prévue la mise en place par l’AÉUM d’une campagne annuelle d’éducation et sensibilisation à la « taxe rose » et ses effets discriminatoires. 

Enfin, la motion précise que l’AÉUM s’engagera à acheter des produits menstruels alternatifs (comme la coupe menstruelle) si un surplus de fonds survient. 


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