Lorsque Kim Kardashian a été attaquée à Paris le 3 octobre, le manque de discrétion dont fait preuve Snapchat sur la localisation de ses utilisateurs a été désigné comme l’une des causes probables de l’agression. Toutefois, les problèmes de vie privée sur les réseaux sociaux ne s’appliquent pas seulement aux multimillionnaires.
Des résultats déplorables
Probablement la majorité des élèves mcgillois, ainsi qu’au moins 100 millions de personnes dans le monde, utilisent l’application de photos et de chat « autodestructible ». Selon une enquête récente d’Amnistie internationale, Snapchat obtient un score particulièrement bas (20%) en matière de protection de la vie privée. Cette évaluation prend en compte plusieurs facteurs : l’identification des menaces, le chiffrement, la sensibilisation des utilisateurs, et la transparence en ce qui concerne les demandes gouvernementales et les moyens de chiffrement. Si l’application s’est publiquement déclarée en faveur de la vie privée, elle manque de transparence sur son utilisation du chiffrement.
Les photos et messages instantanés censés « s’autodétruire » après quelques secondes sont en réalité faiblement chiffrés, potentiellement accessibles en tout temps par la NSA et diverses agences de renseignement gouvernementales, ainsi que des hackers plus ou moins malfaisants. La fragilité de Snapchat face aux cyber-attaques a déjà coûté à l’application une fuite de plus de 200 000 photos en 2014.
Conséquences dramatiques
La fuite massive de 2014 n’a pas seulement exposé des photos dénudées de célébrités, mais aussi un grand nombre de clichés qui tombent sous la classification pédopornographique. La possession de ces fichiers constitue donc un crime. Snapchat a beau avoir blâmé des applications tierces qui ont permis la capture insoupçonnée de ces clichés, les faits demeurent. Le manque de protection sur Snapchat est dangereux. Bien que l’application ait proclamé avoir pris des mesures de sécurité supplémentaires depuis cette fuite massive, son manque de transparence sur ses conditions de cryptage soulève la question épineuse de la surveillance de masse.
Même quand on ne risque pas de se faire cambrioler pour des millions de dollars ou que l’on n’est pas mineur·e, nos données gardent une valeur immense : celle de notre intimité. À l’heure o Edward Snowden donne des vidéoconférences dans notre université, nous avons le devoir de nous poser la question : à quel prix sommes-nous prêts à sacrifier notre droit à la vie privée sur l’autel de la sécurité nationale ? Nous vivons dans un monde où, d’un côté, la surveillance de masse est justifiée par la menace terroriste et de l’autre, les applications que nous utilisons tous les jours restent opaques sur leurs relations avec les gouvernements.
À qui faire confiance ?
En ce qui concerne le classement d’Amnistie internationale, Skype est faible en protection des données, alors que les applications Apple sont complètement chiffrées. Les applications Facebook , Messenger et Whatsapp se situent en tête avec un chiffrement intégral des données et une transparence quasi-irréprochables sur leurs activités. Reste à Snapchat de suivre leur trace.