Rendus en 2016, nous sommes forcés de faire un constat : le monde de l’entrepreneuriat devient de plus en plus mixte. À titre d’exemple, la sphère entrepreneuriale aux États-Unis, longtemps associée à la figure patriarcale, compte aujourd’hui environ 11,3 millions d’entreprises ayant comme propriétaire·s majoritaire·s une ou plusieurs femmes, une augmentation faramineuse de 45% depuis 2009. Il est également surprenant que plus de 36% de tous les propriétaires d’entreprises aux États-Unis sont des femmes, et que ce chiffre, datant de la plus récente étude en 2012, sera sans équivoque revu à la hausse lors des prochains recensements.
Des défis toujours d’actualité
Malgré ces statistiques encourageantes, les femmes sont néanmoins encore désavantagées lorsque vient le temps de mettre pied dans le monde de l’entrepreneuriat. Qu’elles soient révolutionnaires ou non, les startups dirigées par les femmes trouveront généralement la quête au financement plus ardue que les hommes, lorsque vient le temps de cette phase cruciale au développement de toute nouvelle compagnie. Ceci est dû en majeure partie à un monde de l’investissement dominé par la gente masculine, les femmes n’en constituant qu’un faible 6% aux États-Unis. Outre cet obstacle à l’accumulation de capital, une réalité davantage pernicieuse freine réellement l’établissement des femmes dans le milieu de l’entrepreneuriat. Celle-ci repose dans la réception sociale de la femme dans le monde des affaires. Malgré l’abolition quasi-exhaustive des règles de nature sexiste, la mentalité n’est pas un reflet immédiat de ces changements législatifs. C’est pourquoi, encore aujourd’hui, plusieurs femmes se voient rebuter leurs ambitions par une multitude de facteurs qui, certes en décroissance, continuent néanmoins de perpétrer la tradition masculine du monde entrepreneurial.
Montréal : la terre promise
Cet « entrepreneuriat au féminin » émergent n’est pas uniquement le fruit d’une prise de conscience autonome de la société du 21e siècle. Au contraire, il est le résultat d’actions tangibles qui ont façonné une nouvelle génération de femmes aux convictions bien supérieures à celles des prisonniers du statu quo. À Montréal, Ton avenir en main est un exemple scintillant de cette vocation qui prend de plus en plus d’ampleur. Institué en 2005, l’organisme à but non lucratif se décrit comme un « incubateur de leadership pour jeunes filles de 15 à 20 ans » et a pour mission de donner les outils nécessaires aux participantes afin qu’elles entreprennent d’elles-mêmes des projets de taille. L’année dernière, les projets réalisés témoignaient non seulement de l’impact que peuvent avoir ces jeunes femmes tant sur leur communauté directe que sur le plan international. Collecte de livres envoyée au Cameroun, construction de serres visant à la récolte de légumes à l’année longue, organisation de conférences de sensibilisation sur l’intimidation dans différentes locations de Montréal-Nord ne sont qu’une partie d’une panoplie de projets d’entrepreneuriat social. Les répercussions sont nécessairement bénéfiques, tant pour les destinataires que les destinatrices.
Un futur prometteur
Cette initiation au leadership et à l’entrepreneuriat réservé aux femmes est un concept qui ne cesse de croître. Il existe aujourd’hui quelques firmes de financement et de parrainage vouées exclusivement aux projets conduits par des femmes, comme Femmessor dont l’administration est située à Montréal. Un peu plus tôt au mois de septembre, en collaboration avec le ministère de l’Économie, Femmessor a dévoilé un fonds environnant les 19 millions de dollars pour les femmes entrepreneures, Femmessor Québec (FQ, ndlr). Cette somme considérable servira au financement d’une multitude de projets sélectionnés par FQ et permettra sans aucun doute à plusieurs startups de voir le jour. Advenant que la tendance se maintienne, nous devrions sous peu voir une nette augmentation de l’influence des femmes dans le monde de l’entrepreneuriat au Québec. Une influence qui, une fois établie, perdurera.