Aller au contenu

Réparer les vivants, ou quand la mort permet la vie

Dans Réparer les vivants Katell Quillévéré adapte avec brio le best-seller de Maylis de Kerangal.

Madeleine Courbariaux | Le Délit

Dans le cadre du festival Cinemania, Réparer les vivants sera projeté au grand public le 4 et le 13 novembre. Dans ce film, la réalisatrice Katell Quillévéré adapte avec brio le best-seller du même nom de Maylis de Kerangal.

Histoire de cœur 

 C’est l’histoire d’un cœur, celui de Simon (Gabin Verdet), un jeune passionné de surf de dix-sept ans mort dans un accident de la route. Un cœur qui, grâce aux talents des médecins se remettra à battre dans le corps de Claire, une mère cinquantenaire de deux garçons, atteinte d’une maladie cardiaque dégénérative.

C’est l’histoire d’un cœur amoureux, mais aussi aimé : par sa petite amie Juliette (Galatéa Bellugi) que Simon embrasse une dernière fois avant de partir pour ce qui s’avère être la dernière session de surf de sa courte vie. Aimé aussi par ses parents Marianne (Emmanuelle Seigner) et Vincent (Kool Shen) qui doivent prendre la lourde décision de donner les organes de leur jeune fils, si plein de vie le matin même.

C’est l’histoire d’un cœur qui offrira une seconde vie à Claire, magnifiquement interprétée par Anne Dorval (Mommy, Les Amours Imaginaires) qui vit désormais « comme une petite vieille ». Sa maladie l’a en effet forcé à abandonner sa carrière de violoniste et à tourner le dos à la femme qu’elle aime, une talentueuse pianiste (Alice Taglioni). Malgré la culpabilité qu’elle éprouve à l’idée de « vivre avec le cœur d’un mort », l’espoir d’être « réparée » lui redonne le goût de la vie et de l’amour.

Enfin c’est l’histoire d’un cœur comme un autre, simple muscle pour les médecins, tant la mort est inévitable dans leur métier, mais qui  viendra cependant chambouler la journée de ces professionnels de la santé. Tahar Rahim est touchant par sa simplicité et son réalisme dans le rôle de Thomas Remige, sorte de chef d’orchestre du processus de la greffe et lien entre les aspects humains et techniques de la chirurgie.

Un flot d’émotions contraires

Comme l’a déclaré Emmanuelle Seigner dans une entrevue pour Quotidien, « C’est un film triste mais pas déprimant. C’est un film d’amour, doux, délicat ». En effet, malgré la violence de l’accident, poétiquement symbolisé par une vague, la dernière que Simon surfera, la bande son composée par Alexandre Desplat (The Grand Budapest Hotel, The Ghost Writer) est apaisante. Katell Quillévéré limite les dialogues, laissant le talent des acteurs transmettre le caractère bouleversant de ce que leurs personnages doivent traverser, et ainsi donner cette sensation d’intimité partagée avec le spectateur. Il n’y a pas de personnage principal dans ce film, juste un tourbillon de vies autour d’un cœur, ce qui nous permet de naturellement nous identifier avec chacun des protagonistes. Une certaine pudeur se reflète aussi dans la douceur des tons choisis par la réalisatrice.

Ainsi, Réparer les vivants transmet un magnifique message d’espoir, en traitant de la mort d’une manière qui donne l’envie de vivre. Pour reprendre les mots d’Emmanuelle Seigner, « quand on sort du film on a envie de donner c’est organes, parce que c’est magnifique de pouvoir redonner la vie ».  Sans tomber dans le mélodramatique ou le voyeurisme, ce film fera sûrement réfléchir un grand nombre de jeunes sur l’importance du don d’organes, à un âge où la mort est encore un concept abstrait.


Articles en lien