Du 11 au 18 novembre 2016, les étudiants de premier cycle de l’Université McGill sont invités à se prononcer sur la continuité du frais de 3,35 dollars qu’ils payent chaque session à l’organisme Midnight Kitchen. Après avoir discuté, analysé et même goûté aux délicieux repas de l’organisme, l’équipe du Délit est en faveur du maintien de ce frais qui assure la survie de l’organisme et invite par cette même occasion les McGillois à aller voter.
L’histoire de Midnight Kitchen débute en 2002 lorsque sept étudiants du Groupe d’action et de sensibilisation au pouvoir étudiant (GRASPÉ) décident de fonder Midnight Kitchen en guise de protestation à la corporatisation des options alimentaires sur le campus. Depuis, quatre fois par semaine, du lundi au jeudi, Midnight Kitchen offre des dîners gratuits à plus de 250 étudiants. Les repas sont préparés par les membres de l’association, composée en grande majorité de bénévoles. Selon Anastasia Dudley, la chaire du comité « Oui » de Midnight Kitchen, ce sont plus d’une centaine de bénévoles qui permettent le succès de l’association à chaque session. « Midnight Kitchen n’est pas seulement un organisme qui donne de la nourriture gratuite sur le campus, c’est une communauté qui organise aussi des ateliers et des conférences » confie la responsable.
La cotisation des étudiants est selon l’organisme vitale à sa survie. En effet, cette cotisation constitue 78% du budget annuel. Ce budget sert également à payer les cinq employés qui assurent la logistique au cours de l’année. Grâce à l’organisme Moisson Montréal, les membres de Midnight Kitchen n’ont plus besoin de faire du déchétarisme ou de solliciter directement les supermarchés pour récupérer leurs aliments périmés ou « moches ». L’entreprise à but non lucratif Moisson Montréal est une banque alimentaire qui regroupe des donations de nourriture pour les redistribuer à des organisations communautaires de l’île de Montréal tel que Midnight Kitchen. Toutefois, depuis cet été, Moisson Montréal a cessé de distribuer les denrées gratuitement et demande un frais symbolique en échange. Selon la responsable de l’association étudiante, Élizabeth Dudley, la situation est problématique car Midnight Kitchen dépend de Moisson Montréal, et ce frais supplémentaire rend plus délicat l’accès à des denrées gratuites, surtout pour une population précaire. Par conséquent, la nature et la quantité des denrées que l’association étudiante reçoit ne sont pas suffisamment constantes pour qu’elle puisse planifier à l’avance les recettes de ses repas. D’où l’admiration générale pour Midnight Kitchen et sa réussite ponctuelle de plats presque improvisés.
Pour ceux qui n’ont pas encore eu la chance de faire la queue jusqu’au troisième étage du bâtiment Shatner, un tupperwear à la main et le ventre creux, son menu est très simple : un légume ou salade, une soupe (très copieuse) et un morceau de gâteau (le plus rapide à être en rupture de stock). Tout ce que Midnight Kitchen sert est végane, et ce n’est pas seulement pour des raisons de régimes ou d’allergies. Selon Elizabeth Dudley, ce choix de régime permet aux étudiants d’avoir un repas équilibré tout en simplifiant la conservation des aliments.
La force de Midnight Kitchen est avant tout son pouvoir de recrutement de bénévoles, qui lui permet de faire pratiquement gratuitement un travail de restaurateur. En effet, sans les presque cent bénévoles qui viennent aider chaque semestre, l’association aurait peine à servir autant de monde tous les jours avec seulement quelques membres permanents et la cotisation monétaire de 3,35 dollars par session et par étudiant. Leur facilité à recruter des bénévoles vient de notre facilité en tant qu’étudiants à trouver des façons d’aider : que ce soit en venant découper les parts du gâteau dans leur grands plats métalliques le matin, en servant la soupe à midi, louche en main, ou en faisant la vaisselle l’après midi, les moyens de contribuer ne manquent pas. En plus, contribuer permet de se réserver une part de gâteau, littéralement.
Finalement, la mission de Midnight Kitchen s’inscrit dans une vision plus large qui est celle de combattre l’insécurité alimentaire sévissant auprès des étudiants, en offrant une alternative réelle aux menus dispendieux des cafétérias et restaurants sur le campus.
Un deuxième référendum, celui du maintien des frais de l’association Midnight Kitchen pour les étudiants du cycle supérieurs débutera le 19 novembre prochain.