Les soldats, prêts à tout pour défendre leurs valeurs et leur famille, font l’objet d’une valorisation sans précédent de nos jours, les plaçant au rang de héros, rien de moins. Bien que ce soient les soldats qui participent aux guerres, plusieurs individus ressentent le besoin d’exprimer des pulsions guerrières, de connaître l’adrénaline du combat.
Autrefois, les Grecs de l’Antiquité transmettaient leurs pulsions à travers le théâtre, vivant ainsi la catharsis. Certes, ces effets peuvent être vécus à travers les lectures de récits de guerres ou en jouant à ces fameux jeux vidéos qui pullulent sur le marché du divertissement, mais plusieurs ressentent le besoin de vivre une expérience qui va au-delà de l’activité passive. L’airsoft, industrie grandissant partout à travers le monde, propose à la population civile de vivre des simulations d’engagements militaires dans un environnement reproduisant des situations tactiques stimulantes pour le participant. Inventées au Japon suite aux événements de la Seconde Guerre mondiale, les répliques d’armes — le terme « armes » n’est pas utilisé car elles n’en sont pas réellement — étaient à l’origine conçues pour la collection ou le tir sur cible. Des passionnés ont alors eu l’idée de les utiliser dans une activité sportive d’équipe dont le but était de reproduire l’action militaire dans un cadre ludique et récréatif. Il faut toutefois comprendre l’airsoft comme étant un loisir plutôt qu’un sport.
Une activité brimée par les stéréotypes ?
Cette activité est toutefois victime de nombreux stéréotypes, le plus populaire étant que ce soit un jeu basé sur la violence et, jusqu’à une certaine mesure, la barbarie. Tout comme le paintball, une autre activité du même genre, l’airsoft reste quelque peu tabou puisqu’il est connoté de façon péjorative. L’ironie est que ce passe-temps est présenté comme faisant la promotion indécente de la violence alors que des organismes comme la Ligue de combat ultime aux États-Unis (UFC) ou plus localement, la Ligue nationale de hockey, bien que populaires, utilisent des arènes dans lesquels les sportifs professionnels se battent férocement. Des professionnels de l’airsoft, notamment Robert Murray, démontrent que, contrairement à la violence de ces ligues, la communauté du sport est amicale : des hommes, comme des femmes, se présentent premièrement pour avoir du plaisir et partager une passion, sans désirer se faire mal l’un l’autre.
L’airsoft est passé d’une activité de fin de semaine à une réelle compétition sportive, se comparant à des ligues sportives professionnelles, certes, mais qui réussit à attirer un bassin de personnes diverses puisqu’il est accessible à tous et simple à comprendre. En plus d’être une activité de plus en plus populaire, l’airsoft est aussi considéré comme étant une industrie. Aux États-Unis et en Asie, où se trouvent les plus grands bassins de joueurs, nous observons des chiffres d’affaires annuels qui se calculent en millions et qui ne cessent de croître, tant par rapport au nombre de joueurs qu’aux revenus qu’en tire le jeu chaque année.
Une expérience ludique
Bien que l’airsoft serve d’entraînement aux forces policières et militaires, sa popularité grimpe au sein du grand public, notamment à cause d’une forte présence en ligne. En effet, ce passe-temps est rapidement devenu viral sur les réseaux sociaux tels que Instagram et YouTube, contribuant à rendre le jeu beaucoup plus visible et expliquant sa popularité grandissante. Au Québec, plusieurs entreprises se sont d’ailleurs installées dans les centres urbains principaux et proposent à leur clientèle des produits variés. Elles organisent, pour la plupart, des événements où il est possible pour n’importe qui, vétéran comme débutant, de vivre une simulation tactique dont le but est d’avoir du plaisir dans un environnement ludique et sécuritaire.