Alors que se tenait, ce lundi 16 janvier « Divest McGill 101 », un workshop visant à sensibiliser la masse étudiante à la cause environnementale organisée par le club éponyme, intéressons-nous quelques peu à une organisation moins connue : Pollute McGill.
Crée en 1877, produit dérivé des premières vagues industrielles au Canada, Pollute McGill est l’une des organisations les plus vielles du campus–fêtant cette année ses 140 ans d’existence. Pourtant, le nombre de membres décroit de plus en plus et sa légitimité sur le campus semble s’effacer. À l’occasion de cet anniversaire, Le Délit a pu rencontrer le président du club, Jerry Kan.
Le Délit (LD) : Quel est le mandat de votre Club ?
Jerry Kan (JK) : Sensibiliser les étudiants en faveur de la pollution. Il nous est vraiment important de polluer le plus possible. En ce moment, le charbon a mauvaise mine, et le pétrole ne carbure plus dans l’opinion du corps étudiant. Quand je vois tout ces gens qui se déplacent à pied, en transport en commun, ou pire, à vélo, je me rends compte de l’importance de notre travail.
LD : Votre action s’arrête-t-elle à la pollution énergétique ?
JK : Disons que notre action se concentre principalement sur la pollution énergétique, mais nous encourageons évidemment tout type de pollution. Tenez, par exemple ce matin, en partant de chez moi j’ai laissé toutes les lumières allumées et un filet d’eau couler du robinet. Ce sont les petits gestes qui comptent. Et puis j’ai aussi jeté l’emballage de mes biscuits dans la rue –même si malheureusement quelqu’un l’attrapera bien avant qu’il ne finisse dans la mer.
LD : 140 ans, c’est très long pour une association. Vous en êtes fiers ?
JK : Oui ! Enormément ! Vous savez, les types d’énergies que nous promouvons sont millénaires –alors nous espérons bien un jour être aussi vieux qu’eux ! (rires)
LD : Comment expliquez vous le déclin d’intérêt pour votre club ?
JK : À cause de la pollution ! Pas la bonne pollution évidemment –la mauvaise. La pollution idéologique. Quand je vois des traités comme le protocole de Kyoto, la COP21 (et il ne s’arrêtent pas, la COP23 est en préparation !) ou tout simplement des organismes gouvernementaux comme le GIEC –ça me rend malade, ça me coupe le souffle. Si l’on disait la vérité aux gens, ils se comporteraient différemment. Au lieu de ça, on proteste contre les boues rouges, on s’indigne contre les projets d’oléoducs, les sables bitumineux font débat –mais c’est l’avenir tout ça ! Enfin, je me réjouis quand même que derrière de grands discours, la pollution continue dans les actes.
LD : Vous pensez-donc réellement que c’est l’avenir ?
JK : Évidemment ! Moi comme tous les autres du groupe. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls. La pollution continue malgré tout à résonner à travers le monde. Heureusement les gens gardent leurs priorités. Peu importe de manger du poisson au mercure, des plantes aux pesticides. C’est l’avenir ! Qui ne voudrait pas de bœuf aux hormones, de poulet au chlore ou de porc à la ractopamine ? Il y a heureusement quelques politicien.ne.s qui le comprennent. Quand je vois tous ces idéalistes avec leurs éoliennes, leur bio, leur « production locale »… le sable bitumineux aussi c’est une production locale ! Si vous voulez tout savoir, au delà de la pollution, ce qu’il manque en cette époque c’est du pragmatisme ! Trop d’utopisme, et pas assez de concret. Parce que toutes ces belles idées, c’est bien beau, mais dans la réalité… (rire moqueur) Comme on dit toujours, ces gens là me font bien marrer noire ! (rire)
LD : Un dernier conseil pour nos lecteurs ?
JK : Oui, tous les soirs, je m’enferme dans mon garage et je laisse tourner le moteur de ma voiture. Bon, c’est un peu dangereux, mais à petite dose c’est vivifiant !