Ce grand procès a débuté le 23 juin avec le référendum sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne. Ensuite, il s’est poursuivi le 8 novembre avec l’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis d’Amérique et il tente, aujourd’hui, de s’immiscer au Québec, avec l’ancien distributeur de drogue Bernard Gauthier, aussi connu sous le nom de Rambo, reconnu coupable d’intimidation et ouvertement misogyne. Les plaignants sont des démagogues, s’autoproclamant être la voix du peuple, du « vrai monde » et des petites gens. Étrangement, ces hommes et ces femmes apparaissent tous à ce moment précis, à l’apogée de la popularité politique du populisme. De l’opportunisme, manifeste et criant ? Je vous laisse en juger.
Sur le banc des accusés, les « élites » politiques, jugées totalement déconnectées des citoyens ordinaires. Elles sont imaginées se prélassant sans la moindre considération pour les misères d’autrui du haut de leurs tours d’ivoire. On ne sait pas trop d’où elles viennent, quelles sont les causes qui les motivent ou ce qu’elles font réellement. Tout ce que l’on sait, c’est qu’elles trahissent, vraisemblablement sans arrêt, la société qu’elles servent.
Verdict de non-culpabilité
L’observateur que je suis, n’ayant que sa plume pour changer l’issu de ce procès, ne peut que contester cette image que l’on a des accusés. Il fait deux constats. En premier lieu, que le terme « élite » est utilisé à outrance pour décrire des groupes complètement hétérogènes, voire différents. On l’emploie, au fond, sans distinction et de manière péjorative pour à peu près tout et n’importe quoi. En deuxième lieu, que cette utilisation abusive est, au fil du temps, devenue totalement faussée. Aujourd’hui, du moins selon les dires des tribuns se proclamant les avocats du peuple, l’entièreté de la classe politique forme l’élite et est coupable : les analystes, stratèges, sondeurs, auteurs, candidats, députés, ministres et partis sont, de par leur déconnexion du citoyen moyen, la source de tous les maux qui affligent la société. Au fond, tous ceux qui ont passé, qui passent et passeront des heures interminables à s’investir corps et âme pour le bien public seront mis dans le même bateau. Ce fut le cas lors des dernières élections américaines et ce sera le cas avec tous les autres « traitres à la nation. »
Les juges de ce grand procès, c’est nous tous, les électeurs.
L’observateur ne peut que s’insurger. Je ne peux le tolérer. Je ne fais pas l’autruche, certains politiciens ne servent pas la communauté pour de nobles raisons, certains sont corrompus et d’autres opportunistes, déconnectés ou véreux. Toutefois, je refuse catégoriquement de croire que tous ces gens qui m’entourent, ceux qui étudient sans cesse afin de trouver des solutions aux problèmes mondiaux les plus criants, ceux qui passent des heures interminables à faire du bénévolat qui ne leur offrira jamais aucune visibilité ni gloire, ceux qui sont passionnés et qui acceptent de laisser leurs emplois et le précieux temps qu’ils ont avec leurs familles pour se lancer dans ce monde ingrat et dur qu’est la politique, n’ont pas le bien de la société à cœur. Car oui, ce sont tous ces gens qui s’entassent aujourd’hui sur le banc des accusés, pas seulement les vrais coupables.
Les juges de ce grand procès, c’est nous tous, les électeurs. Nous avons le pouvoir de rendre le verdict qui est juste. Tout en restant critiques de ce monde politique, ne cédons pas aux mensonges grotesques des démagogues. La déconnexion perçue provient peut-être de ce devoir qu’ont les politiciens élus de gouverner pour tous, dans un monde plus complexe que celui décrit par les Johnson, Trump et Gauthier. Il n’est pas facile de plaire à une population si diversifiée et parfois, les solutions simples, irréfléchies et irréalisables peuvent être attrayantes. Condamnons les vrais coupables et que justice soit faite !