De toutes les nations et cultures dont il nous a été possible d’examiner la trace, nous avons pu observer qu’elles avaient toutes une spiritualité qui leur était propre. Il semble que la religion – c’est à dire la croyance en une explication plus ou moins mystique de la vie – soit inhérente à l’Homme. De tous temps, l’Humanité a voulu donner un sens et une fonction aux choses du monde. Il n’est donc pas une grande surprise de voir la religion donner son avis sur la sphère sexuelle. En effet, la sexualité fait partie intégrante de la vie humaine : nous sommes le fruit d’un rapport entre deux personnes, et avons des pulsions sexuelles influencées par nos hormones tout au long de notre vie appelée « libido ». Les religions du monde ont eu un avis très nuancé voire contradictoire entre elles. Certaines sont « sex positive » c’est-à-dire qu’elles considèrent la sexualité comme spirituelle voire divine. D’autres sont « sex negative » et perçoivent le rapport sexuel comme néfaste, immoral voire satanique. Or, quand on sait à quel point la religion influence les sociétés, et structure la manière avec laquelle nous concevons nos actes, la religion devrait-elle avoir son mot à dire sur notre sexualité ? Et surtout, son avis est-il encore pertinent de nos jours ?
Selon moi, la religion ne saurait être une source d’information pertinente concernant la sexualité car basée sur des connaissances archaïques de la médecine et un regard historiquement politisé. Le rapport sexuel n’a, en définitive, aucun lien avec une quelconque morale.
Un acte naturel perversifié
Les religions étant reconnues pour structurer la manière dont nous concevons le monde, la plupart d’entre-elles ont donné une fonction bien précise à l’activité sexuelle : la reproduction, l’expression d’un amour. Les rapports sexuels ayant lieu dans un autre contexte que ces derniers sont considérés comme déviants et immoraux. (1) Selon ces critères donc, la masturbation serait une activité impure : or, elle semble être une inclination naturelle pour l’homme comme pour la femme de vouloir se faire plaisir : en effet, beaucoup d’enfants – si ce n’est tous – se sont déjà caressés, pour la simple et bonne raison que cela procure un sentiment de plaisir : « When I was a little girl, my mother caught me masturbating. She told me that it was a terrible thing and if she ever caught me again, she would take me to the hospital. This really confused me that was a time I could be by myself and feel relaxed. I didn’t understand what was so bad about it » (2). Pourquoi faire une montagne de cet acte si naturel et instinctif ? Pourquoi inscrire le concept de moralité sur un acte sexuel qui fait partie de l’homme ? Nous ne définissons pas l’action de boire de l’eau ni l’acte de manger comme moral ou immoral. Alors pourquoi est ce que l’acte sexuel serait considéré différemment ?
L’instrumentalisation politique de la religion
En faisant quelques recherches, le lien entre la sexualité et le politique me parut évident : si l’homosexualité est rejetée, mais aussi que l’adultère est condamné, ce n’est pas – à l’origine- pour de profondes convictions morales. En créant le moralisme (3) par la répression sociale (comme avec l’exemple de cette jeune fille prise en flagrant délit par sa mère entrain de se masturber), nous contrôlons la sexualité d’une société toute entière, c’est à dire le jardin le plus secret d’une population. Pour quelles raisons ? « Female sexuality could lead to the birth of a child (…) once men understood their role in the reproductive process, they sought lo lay claim to their own offspring. The only way a man could be certain that a boy was his son was to regulate the sexuality of women » (4).
Également, la sexualité fait peur car est perçue comme étant « the greatest irrational force of life » (5). Alors, la religion a tenté de mettre de l’ordre dans ce tourbillon d’émotions prodigué par la sexualité car le seul moyen de s’assurer qu’un acte ne sera pas posé par autrui est de créer une épée de Damoclès. La religion est en définitive le moyen de contrôler les actes les plus intimes d’autrui par la peur. Elle est un puissant outil politique.
Mais la religion n’est pas scientifique, et par son manque de connaissances mais aussi par stratégie politique, elle a classé l’activité sexuelle au regard de la morale. Or, la médecine nous apprend que la sexualité est un acte naturel voire très sain pour le corps humain et est recommandé.
Ainsi, La seule morale que nous pouvons attribuer aux rapports sexuels est selon moi la même que lors de nos rapports quotidiens avec autrui : suis-je respectueux de l’autre ? Est-il consentant ?
Alors, en tant qu’être humain et femme, je me sers de cet article pour dire au monde : redevenons propriétaire de notre corps, dans toute son intégralité !
Bibliographie
(1) Plain Sex, Goldman, mycourses
(2) Sex and Religion, chapter 1, Zuckerman and Manning
(3) Sex and Christianity, Charles Taylor
(4) Sex and Religion, chapter 1, Zuckerman and Manning
(5) Sex and Religion, chapter 1, Zuckerman and Manning