L’Association des étudiants en premier cycle de l’Université McGill (AÉUM) a publiquement requis la démission d’Igor Sadikov, dans un communiqué publié le vendredi 17 février, après que l’administration lui en ait fait la demande. Igor Sadikov se trouve au centre d’une controverse depuis qu’il a tweeté « frappe un sioniste aujourd’hui » (« punch a zionist today ») le lundi 6 février. Igor Sadikov est un représentant élu de l’Association des étudiants de la Faculté des Arts (AÉFA) auprès du Conseil législatif de l’AÉUM. L’AÉFA lui a demandé sa démission, et son Conseil législatif votera pour destituer ou non Igor Sadikov mercredi prochain. Un tel vote requiert une majorité aux deux-tiers pour que le « oui », la destitution, l’emporte.
Prudence initiale
Dans un communiqué publié samedi 11 février, l’AÉUM s’était abstenue de demander la démission d’Igor Sadikov. Lundi dernier, le Conseil de directeurs de l’AÉUM, dans lequel Igor Sadikov siège d’ordinaire, avait décidé de ne pas destituer ce dernier bien que désapprouvant de son propos, et lui avait fait passer un avertissement formel. Les excuses de Sadikov pour son tweet auraient convaincu le Conseil des directeurs de prendre cette décision.
Mercredi 15, l’administration, qui jusque là avait publié de prudents communiqués condamnant Sadikov mais ne prenant pas parti pour ou contre la destitution, a rencontré certains membres exécutifs de l’AÉUM pour leur faire comprendre qu’ils n’avaient d’autres choix que demander celle-ci. L’administration avait par ailleurs entrepris une procédure disciplinaire à l’encontre de Sadikov, en vertu du code de conduite étudiant.
Cette situation est exceptionnelle
Pression de l’administration
Selon l’administration, l’AÉUM transgresserait sa propre constitution en n’appelant pas à la démission de Sadikov. Cette constitution contient des prévisions contre toute discrimination de la part de l’AÉUM, note l’administration. Que l’AÉUM la transgresse autoriserait McGill à retenir les fonds collectés auprès des étudiants qu’elle remet chaque trimestre à l’AÉUM, selon le protocole d’accord entre l’Université et l’association étudiante. L’administration aurait fait part aux membres exécutifs de son opinion, encourageant explicitement l’AÉUM à demander la démission de Sadikov. L’administration a justifié cette ingérence de la manière suivante : « Bien que nous ne recommandions normalement pas de mesures pratiques à l’AÉUM, cette situation est exceptionnelle. Avec toute incitation à la violence, il est de notre devoir d’intervenir.»
Sous couverture d’anonymat, une source directe a confirmé que l’administration accusait l’association d’être coupable d’une bavure vis-à-vis de la clause de Leadership de la constitution. Cette décision entre en conflit avec le vote du Conseil des directeurs, présenté plus haut. Selon la source, ces derniers ne seraient pas tout-à-fait au courant du fonctionnement de l’AÉUM, notamment du fait que le Comité exécutif n’a pas le pouvoir de retirer Sadikov de ses fonctions.
L’AÉUM a ainsi fini par suivre la recommandation de l’administration cet après-midi. Une manifestation spontanée et en soutien d’Igor a par ailleurs eu lieu à la mi-journée devant le bâtiment de l’administration. Scandés par une trentaine d’étudiants, les chants « Impeach everyday, impeach Fortier », ou d’autres prenant la défense de Sadikov, n’auront suffi à faire reculer l’administration.
L’appel à la démission de Sadikov publié par l’AÉUM a notamment été salué par Conservative McGill, la branche mcgilloise du Parti Conservateur, et Hillel McGill, un groupe qui revendique « représenter les besoins de la diverse population juive sur le campus ».
Interrogé par le Délit, Sadikov affirme que « ce niveau d’ingérence dans les affaires étudiantes par la rectrice et l’administration est absolument sans précédent ». Pour lui en effet, Fortier se « plie à la pression politique de la part des donateurs et donatrices ».
Même déception face à la réaction de l’AÉUM : « je trouve regrettable que l’exécutif de l’AÉUM se soit plié a la pression de la rectrice en publiant une déclaration contraire à celle émise par le conseil d’administration la veille ». Malgré cette position, Sadivok attend la « décision intentionnelle » et affirme qu’il « entend […] respecter le résultat de ces procédures ».