Aller au contenu

Mignons mais déterminés

Retour sur la manifestation organisée par le Comité unitaire sur le travail étudiant. 

Webmestre, Le Délit | Le Délit

Ça ne fait même pas un an que le Comité unitaire sur le travail étudiant (CUTE) existe, et pourtant, on peut déjà parler d’un franc succès, au vu de la mobilisation. En effet, le jeudi 16 février, ce sont environ 300 étudiant·e·s qui se sont déplacé·e·s d’à travers le Québec pour manifester en marge du Rendez-vous national sur la main‑d’œuvre, en plus des 25 000 étudiant·e·s qui ont fait grève à travers la province pour marquer leur soutien à l’initiative de CUTE. 

Qu’est-ce-que CUTE ?

Le Comité unitaire sur le travail étudiant est un mouvement collégial et universitaire dont les principales revendications se déclinent en deux temps : d’abord, une reconnaissance salariale des stagiaires, et, au plus long terme, une rémunération des études en général. Il s’agit donc de mettre une fin à là précarité chez les étudiant·e·s en considérant que le travail intellectuel fait à l’école mérite une reconnaissance et un investissement financier.

CUTE se base sur une analyse féministe du monde du travail. Ce dernier œuvre doublement au désavantage des femmes : non seulement celles-ci ont tendance à occuper des positions qui sont moins bien rémunérées que les hommes, mais leurs places ont souvent moins de valeur sociale que celles de leurs collègues masculins. Si l’organisation ne milite pas uniquement pour les droits des étudiantes, les militant·e·s soulignent le fait que ce sont les femmes qui sont le plus souvent assujetties à la précarité issue des stages peu ou non rémunérés. Pour Maryse Forget, militante féministe en éducation à l’UQÀM, « les stages non-rémunérés sont monnaie courante dans les emplois traditionnellement et majoritairement occupés par des femmes ».

C’est l’occasion parfaite pour les militants de CUTE de faire entendre leur colère

À l’assaut de Québec

C’est donc en chantant « L’exploitation n’est pas une vocation » qu’environ 300 personnes, venues en bus de Montréal, de Sherbrooke ou encore des Outaouais, se sont retrouvées à la capitale provinciale pour manifester en marge du Rendez-vous national sur la main‑d’œuvre. Cet événement regroupe plusieurs acteurs du monde du travail, des représentants patronaux, syndicaux, et autres ministres du gouvernement québécois, et est donc l’occasion parfaite pour les militants de CUTE de faire entendre leur colère. Bravant le froid et la neige, largement au rendez-vous ce jour-là, les manifestants ont abordé plusieurs sujets. Au menu, la précarité étudiante, évidemment, mais aussi quelques sujets plus centrés, comme la condition des mères stagiaires qui « limite[…] les possibilités d’émancipation des femmes » selon Valérie Simard, militante à la branche UQÀM de CUTE.

Globalement, on peut parler d’une réussite. Une organisatrice, interrogée par Le Délit s’est dite « contente » de la mobilisation importante. Étant donné la jeunesse du mouvement, voir un tel soutient est certes « encourageant ». Les références du mouvement, notamment la grève des doctorants en psychologie en 2016, avaient réussi à faire bouger les choses. Les militants CUTE sont donc assez optimistes par rapport à leur lutte.

Cours camarade, le vieux monde est derrière toi

Si aucune manifestation de cette envergure n’est planifiée dans un futur proche, l’organisation n’a pas l’intention de lâcher du lest de si tôt. Déjà présents dans beaucoup d’établissements scolaires au Québec, CUTE continue à renforcer leurs structures là ou ils sont implantés, et tente sans relâche d’agrandir leur réseau. 

Malheureusement, les mcgillois intéressés par le mouvement de CUTE devront prendre leur mal en patience : si une branche à McGill fait partie des projets futurs des militants, ceux-ci n’ont pas encore réussi à lancer un mouvement dans l’école.


Articles en lien