Qu’est-ce qui coince ?
Lundi 6 mars 2017, la population de la République Démocratique du Congo (RDC, ndlr) a manifesté devant la Commission électorale. Trois mois auparavant, un accord avait été signé entre le pouvoir et l’opposition, avec à la clef la promesse de la tenue des élections avant la fin de l’année. Malgré cela, le flou reste complet concernant la date exacte des échéances électorales. Inquiète, la population estime qu’elle a de droit d’être informée du moment où elle devra élire ses nouveaux dirigeants.
Pourquoi a‑t-il fallu négocier ?
Selon la Constitution, Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, a vu son mandat expirer le 20 décembre 2016. Or, à ce moment, il a présenté un nouveau gouvernement au lieu de démissionner, ce qui a déclenché des émeutes monstrueuses dans la ville de Kinshasa, au cours desquelles neuf personnes ont perdu la vie. Fin 2016 donc, la majorité et l’opposition ont passé trois bonnes semaines à tergiverser sur la fondation d’un accord qui pourrait écarter le président du pouvoir.
Qu’est-ce qui a été signé ?
Devant la réaction du président sortant, le monde politique a tenté de trouver une solution au plus vite : des représentants d’une multitude de couleurs idéologiques ont décidés de se mettre d’accord quant à la démarche à suivre. Le 31 décembre, ils finissent par trouver un consensus : le premier ministre sera choisi par l’opposition, et Kabila (qui a donc consenti à ne pas se représenter et à ne pas modifier la Constitution pour parvenir à ses fins) conserve le pouvoir jusqu’à ce qu’un successeur soit élu, ce qui devrait avoir lieu avant la fin 2017. Cela semble satisfaire la grande majorité de la sphère politique.
Pourquoi rien n’a encore été fait ?
Pour la population, la signature de cet accord a été interprétée comme étant un gage de bonne volonté, sans toutefois signifier que tous les problèmes vont cesser. Le pays doit se préparer à de nouvelles élections, tout en tentant de rester dans le droit chemin malgré un gouvernement techniquement illégal (la Constitution indiquant explicitement que le mandat de Kabila est terminé, la légitimité de son pouvoir est donc minée). À cause de cette controverse, est-il envisageable que les signataires de l’accord ne respectent pas leurs engagements ?
Qu’en pense le reste du monde ?
Il faut croire que les cris des manifestants ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd, puisque l’Union Européenne (UE), jusque-là plutôt passive en RDC, s’inquiète de ce manque de réactivité de la part du gouvernement. D’après le conseil des ministres de l’UE, la transition doit impérativement se faire, et menace de poser des sanctions si elle venait à ne pas avoir lieu. Or, la RDC semble sceptique face à de tels propos, puisque l’UE n’a jamais réellement « aidé » le pays. Il faut donc encore une fois que chaque acteur y mette du sien dans le but de trouver un terrain d’entente.