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Mettre la politique de côté pour repenser Montréal

Les célébrations du 375e constituent le moment parfait pour construire une vision à Montréal.

Mahaut Engérant

Montréal, Montréal, Montréal. À force d’y vivre, on ne remarque plus ta beauté. À force de fouler ton gravier, on finit par foncer dans tes cônes oranges, et puis à te maudire et à presque te regretter. Tes multiples avantages ne sont plus à citer : tu es belle, merveilleuse, festive, tête en l’air, mais aussi capricieuse. 

Tu me le pardonneras, et sans doute tu dois t’en douter : tu n’es pas facile à aimer, mais quand on tombe pour toi, on sait que c’est foutu.

Foutu car après on a du mal à te quitter. Donc forcément, il faudra s’habituer à tes imperfections. Cependant après avoir visité d’autres de ton espèce, des villes, force est d’admettre qu’il est temps de parler – et de corriger – ces défauts que tu traînes derrière toi. 

Ce qu’il te faudrait, Montréal, c’est une prise de conscience. Une pause à ton rythme effréné pour prendre du recul et réaliser ton manque de vision. Jusqu’à présent, tu as réussi à faire ton chemin, malgré les nids de poule et les 40cm de neige, certes. Seulement, tu t’essoufles, tu doit prendre conscience que si les dollars et le café t’ont permis de survivre jusqu’à aujourd’hui, demain la bourse sera vide et le café amer. 

Des plus petites villes telles que Helsingborg ou Copenhague ont compris l’importance d’avoir une vision, un plan. Pas l’un de ceux qu’on fait le jour du nouvel an et qu’on laisse tomber quelques jours après. Non, un plan, un vrai : un projet sociétal. La ville, il faut y réfléchir car elle ne se fait pas toute seule, il lui faut un tuteur pour ne pas qu’elle pousse de travers. Il ne faut pas la contraindre mais la guider. Montréal, il est temps de te repenser. 

Les célébrations du 375e constituent le moment parfait pour amorcer cette discussion pour commencer à construire cette vision manquante. Les enjeux tels que l’environnement, le transport et l’accessibilité, des enjeux municipaux, ne devraient pas être politisés. À Helsingborg, petite ville côtière de la Suède, les partis politiques sont parvenus à mettre leurs différences de côté pour travailler ensemble et composer un projet de société : Helsingborg 2035.  Plus question de prendre des enjeux essentiels tel que l’environnement en otage, peu importe le parti au pouvoir, les priorités qui s’inscrivent dans une vision à long terme restent inchangées et les politiciens s’engagent à les respecter. 

Une telle vision ne se construit pas du jour au lendemain. Elle nécessite une humilité politique considérable, particulièrement pour le parti au pouvoir. Cependant, le système électoral actuel ne donne à peu près aucun incitatif à la collaboration. Néanmoins, des voix commencent à s’élever pour demander à nos politiciens de poser leurs voix et commencer à s’écouter. Il est temps d’outrepasser les barrières politiques en places qui segmentent les bonnes idées d’un côté ou de l’autre et qui prennent en otage notre ville. 

Ne ratons pas cette occasion. Pour le 375e, rêvons d’un Montréal 2042, juste à temps pour son 400e. Bonne fête Montréal.


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