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Participation intermittente

Entre désintérêt et polémiques, quelle issue pour l’AÉUM ?

Arno Pedram

La politique étudiante mcgilloise a ceci d’unique qu’elle clive autant qu’elle indiffère. Les Assemblées générales de l’Association des étudiant·e·s en premier cycle de l’Université McGill (AÉUM) en sont l’exemple parfait : de plusieurs centaines d’étudiant·e·s se pressant pour y assister lorsque le mouvement Boycott, Désinvestissement, et Sanctions (BDS) y est discuté, à quelques dizaines le semestre suivant. Cette année, le quorum de cent étudiant·e·s, sur les 21 379 membres actuels de l’AÉUM, n’aura été atteint qu’une fois, pendant une petite heure de l’Assemblé générale d’Hiver.

Polémiques, la normale ?

À l’AÉUM, ce qui captive c’est le drame, le spectacle : ces scandales électoraux, ces démissions surprises, ces sujets politiques qui divisent la population étudiante. Ces derniers temps l’AÉUM a pris l’habitude de s’embourber chaque année dans une nouvelle histoire. En 2014, la courte victoire du candidat Tariq Khan à la présidence de l’AÉUM est invalidée à cause de pratiques de campagne illicites. Le candidat déçu emmènera l’AÉUM devant la Cour supérieure du Québec, avant de rétracter sa plainte quelques mois plus tard. 

L’année suivante, la vice-présidente aux Affaires internes Lola Baraldi démissionne début octobre. Une élection est organisée pour la remplacer, Alexei Simakov, candidat perdant à la présidence l’avril précédent et président des Conservateurs de McGill, se retrouve seul en course suite au désistement de son opposante. Cela n’empêche pas le « non » de l’emporter avec 51,7% des voix, et Simakov d’essuyer un défaite inédite. Omar El-Sharawy sera finalement élu quelques semaines plus tard. Au second semestre, c’est BDS qui accapare l’attention et déchire le corps étudiant. 

Ces dernières semaines, les démissions de Ben Ger, président, et de David Aird, vice-président aux Affaires externes, suite à des allégations de violence sexuelle, et celle d’Igor Sadikov, conseiller de la Faculté des arts, suite à son tweet polémique « Frappe un sioniste aujourd’hui » ainsi que des allégations de comportements abusifs, sont venues perturber le cours d’une année jusqu’ici tranquille. De ces récentes actualités, celle entourant les propos d’Igor Sadikov a reçu le plus d’attention de la part de la presse canadienne ou de l’administration mcgilloise. Alors qu’Igor Sadikov s’est retrouvé sur le site du National Post ou de Radio-Canada, les démissions de David Aird et Ben Ger n’ont été notées que par la Montreal Gazette.

Une évolution cyclique

Une participation électorale à la baisse a suivi ces polémiques consécutives, de 31% en 2014, elle a dégringolé à 17,5% en 2016, légèrement au-dessus du quorum de 15%. Cette année elle est remontée de quelques points à 21,8%, possiblement servie par une récente actualité mouvementée, qui a propulsé l’AÉUM comme sujet de conversation en vogue sur les réseaux sociaux.

La participation électorale de l’AÉUM, aux élections générales d’hiver, semble évoluer par cycles, par générations d’étudiant·e·s, après une hausse entre 2012 et 2014, la participation traverse aujourd’hui un creux. La participation varie aussi entre facultés, qui tiennent chacunes leurs propres élections chaque année. L’AÉUM ne collecte pas de données quant au vote de ses membres par faculté, Arts, Sciences, Génie… Néanmoins, la composition de l’équipe exécutive de l’AÉUM, étudiant·e·s de la Faculté des arts à la majorité année après année, indique que cette faculté y est sur-représentée.

L’AÉUM méconnue, malgré elle ?

Sujet tabou, la participation électorale ne figure que rarement que sur les programmes de candidats aux postes exécutifs de l’AÉUM. S’il est souvent question de mieux communiquer avec le corps étudiant, on considère qu’il revient aux étudiant·e·s de s’intéresser d’eux-mêmes à leur gouvernance étudiante. L’AÉUM a effectué un important effort de transparence ces dernières années, même si encore déficient à l’image des introuvables comptes-rendus de séance du Conseil des directeurs. Si de nombreux documents officiels, motions, ou comptes-rendus, sont publiés en ligne, ils ne sont pas accessibles à tous, car difficiles à appréhender sans connaissance préalable du fonctionnement l’AÉUM et de ses institutions.

Néanmoins, l’AÉUM mène régulièrement campagne auprès de ses membres afin de se faire mieux connaître. Que pèsent toutefois de telles campagnes, aux moyens limités, face au cirque médiatique que déclenche chaque polémique ? Ces polémiques influencent la réputation de l’AÉUM au long-terme, son image auprès des étudiants comme de l’administration ou des employés mcgillois, la participation électorale n’en n’est qu’un indicateur volatile. Pour remédier à ce déficit de reconnaissance, il semble qu’il n’y ait pas de solution au court terme pour l’AÉUM.


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