À l’âge de 21 ans, Nia Evans, étudiante en échange du Pays de Galles, est devenue metteuse en scène d’une pièce de théâtre majeure. The Original de Daniel Galef, une comédie musicale atypique, qui va être présentée pendant le festival de Théâtre de McGill (McGill Drama Festival, ndlr) à la fin du mois de mars. Evans nous parle de ses difficultés, ses expériences et son amour pour la scène qu’elle a découvert en faisant son premier pas dans le monde du théâtre.
LD (Le Délit): Les gens étaient-ils réticents à t’accepter comme metteuse en scène, étant donné que tu n’as pas beaucoup d’expérience et que tu viens d’ailleurs ?
NE (Nia Evans): Non, en fait, mon accent gallois m’aide beaucoup à me faire entendre. L’équipe aime bien mon accent, ça me donne une impression d’autorité et je crois que ça les alarme un peu (rire)! Je ne pense pas que le manque d’expérience m’empêche non plus. Je n’étais pas contrainte par les coutumes et traditions du théâtre, ce qui m’a beaucoup aidé avec cette comédie musicale qui est très absurde, pleine d’improvisation et profondément drôle.
LD : Je suis quand même étonné qu’une étudiante en échange arrive à mettre en scène une pièce de théâtre ! Comment as-tu eu l’opportunité de remplir un tel rôle ?
NE : Plus tôt pendant mes études ici, j’étais ingénieure de son de la production « Superior Donuts ». C’était un rôle très détendu, avec peu de responsabilités, donc j’ai eu le temps de rencontrer des gens. C’était là où je me suis crée mon réseau de collègues qui m’a aidé à devenir metteuse en scène. C’est aussi grâce au soutien de l’équipe du McGill Drama Society, le groupe produisant le festival, que j’ai rencontré pendant la semaine de Frosh en janvier.
LD : L’absurdité joue-t-elle un rôle très grand sur scène ?
NE : Oui, tout à fait. D’après moi, c’est une des pièces les plus bizarres qui existent. Daniel [Galef, l’auteur] est un vrai geek de la littérature anglaise classique. Il aime bien l’idée de l’amour fou qui pénètre dans beaucoup de grands œuvres shakespeariennes. C’est aussi l’idée des gens qui veulent mourir pour quelqu’un qu’ils viennent de rencontrer qu’on trouve marrante. C’est pour cela, je crois, que l’histoire est aussi absurde. L’absurdité provient d’une tendance anglaise de blagues pourries et bizarres. Mais chez nous, on aime bien ça.
LD : Et à ton avis, ta distribution est-elle prête à jouer dans une pièce aussi déjantée ?
NE : Bien sûr ! Je ne m’attendais pas à une équipe si prête en fait. Ils ont tous fait de l’impro — dès le début ils étaient tous tellement prêts à jouer en pleine forme. Mes préjugés du rôle de metteur en scène ont aussi changé dès le début. Avec une équipe aussi compétente, je ne peux pas être la leader. Si je l’avais été, on n’aurait pas vu l’humour qu’on a produit. J’ai besoin de laisser les blagues venir toutes seules et ne pas empêcher la créativité qui existe sur cette scène. Au début, je m’attendais à un rôle autoritaire et je vois maintenant que j’étais mal avisée. La créativité est tellement forte dans notre équipe !
LD : Par ailleurs, est-ce que tu es la seule étudiante internationale qui joue dans la pièce ?
NE : Oui. Et je crois que c’est normal. Il n’y a pas beaucoup d’étudiants internationaux qui veulent s’impliquer dans un engagement aussi lourd, mais pour moi, c’est l’occasion de connaître du monde. Et j’ai eu de la chance bien sûr. Il y a tout un monde théâtral qui s’est ouvert à moi, je suis donc ravie. Même si ce n’est pas tout à fait « normal » d’avoir une étu-diante en échange s’occupant des vrais mcgillois, je suis ravie que cela m’arrive.