Le Délit (LD): Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous expliquer ce que vous faites ?
Michel Hellman (MH): Je suis auteur de bande dessinée, illustrateur et je fais aussi de l’art visuel , des expositions… Ça fait récemment que je fais juste ça, que je vis de ça. Quand j’ai terminé McGill en fait, j’ai fait une maîtrise à McGill, j’ai travaillé en tant que journaliste pigiste, critique d’art parce que j’avais étudié en histoire de l’art et petit à petit je me suis lancé à faire du dessin, à faire de la bande dessinée.
LD : Et quelle a été votre expérience au Délit ?
MH : Au Délit, j’ai commencé par proposer des dessins pour illustrer les articles, c’était quand je faisais mon bac à McGill. En fait ça s’appelait encore le McGill Daily Français, enfin c’était l’année où il y a eu un vote pour savoir si on allait le changer de McGill Daily Français à Le Délit français. Donc j’ai travaillé là bas quelques années et j’étais là dans la salle de rédaction, il y avait des articles, je faisais des dessins et on s’occupait de la mise en page. Je faisais aussi des illustrations de temps en temps pour des couvertures. Donc voilà c’était vraiment une bonne expérience, en tout cas, j’en garde un bon souvenir.
Au Délit, j’ai commencé par proposer des dessins pour illustrer les articles
LD : Et comment se passaient les illustrations en 2000 ? Parce qu’aujourd’hui notre illustratrice a une tablette graphique, Photoshop, etc
MH : Je me rends compte que pour moi ça ne me semble pas il y a si longtemps que ça, mais c’était vraiment plus compliqué ! Je faisais les dessins en direct puis on les scannait. Le scanner était lent et il y avait toujours la question du poids des images. Tout allait super lentement et pour la mise en page c’était toujours un peu problématique (rires). Mais à part ça j’imagine qu’il n’y a pas énormément de différences, si ce n’est pour le format. J’étais là au bureau et on voyait un peu comment tout le monde s’activait. Et à la fin on donnait la maquette à l’imprimeur et voilà ! Ah oui, et je proposais une bande dessinée aussi c’est vrai ça. Il y avait une bande dessinée que je faisais à l’époque et qui était publiée toutes les deux semaines je crois ou du moins régulièrement. Donc j’avais un petit espace pour faire ma BD. D’ailleurs c’est drôle car elle s’appelait Montréal 2017 (rires)!
LD : Votre expérience au Délit vous a‑t-elle influencée dans votre décision de devenir BD-iste ?
MH : Ah oui c’est sûr. J’aimais bien illustrer les articles, mais faire cette BD c’était vraiment une expérience nouvelle pour moi. Après lorsqu’elle était publiée dans le journal j’étais toujours fier et ça m’a vraiment motivé à me lancer de manière plus professionnelle. Donc oui, Le Délit a vraiment eu une grande influence !
LD : Et que racontez-vous à travers vos BD ?
MH : J’ai fait deux genres de BD. Il y a la bande dessinée traditionnelle avec des cases et des bulles. Il y a Mile End et Nunavik qui viennent de sortir récemment. C’est de la bande dessinée autobiographique. En fait, c’est de l’autofiction et je fais des chroniques du quotidien. Mile End, c’est mon quartier et Nunavik c’est aussi des chroniques mais avec les enjeux du Grand Nord, mais ça reste ancré sur des expériences personnelles de voyage que j’ai fait là-bas. Sinon je fais de la BD plus expérimentale. Ça, il y a un côté peut-être plus politique. Il y en a une que j’ai sorti il y a deux ans, qui s’appelle Le petit guide du Plan Nord et c’est fait avec des sacs poubelles que j’ai découpé, et avec des bouts de papier ligné. Graphiquement c’est différent, peut-être d’une certaine manière le propos se rejoint, mais il y a quand même une dimension engagée, voire presque journalistique dans les deux genres de BD.
LD : Quels sont vos projets futurs ?
MH : Là je travaille sur un prochain projet de BD. C’est encore le début, je suis en train de regarder des idées, choisir, construire le scénario donc je n’ai pas trop envie d’en parler encore car c’est à ses débuts. Mais ça devrait sortir bientôt.
LD : Et comment était l’ambiance de l’équipe éditoriale à l’époque ?
MH : On faisait des cabanes à sucre, c’était génial ! Une bonne communauté aussi. On se retrouvait, il y avait déjà beaucoup de Français de France qui venaient à Montréal, et c’était une manière pour eux de se retrouver, de rencontrer des Québécois car c’était vraiment mélangé entre les francophones, qui pouvaient se sentir isolés dans tout l’univers de McGill.