Le Délit (LD): Comment avez-vous entendu parler du Délit ?
David Drouin-Lê (DDL): À l’automne 2003, en tombant par hasard sur un présentoir du Daily et du Délit, je n’ai pu m’empêcher d’esquisser un sourire en comprenant le jeu de mots.
LD : Quelle était la place du français et des francophones à ce moment-là à McGill ?
DDL : Les francophones à McGill constituaient une importante minorité silencieuse (20%) ne souhaitant pas faire de vagues et qui se fondait à la masse anglophone. Le sentiment d’appartenance des francophones à McGill était beaucoup moins prononcé que celui des anglophones et des étudiants étrangers pour qui la vie sociale semblait évoluer autour du campus. Cela s’explique assez facilement. Pour les anglophones, McGill représentait une de leurs institutions historiques à laquelle ils étaient profondément attachés. En ce qui concerne les étrangers, l’université représentaient la raison de leur présence à Montréal. La situation était différente pour les francophones, pour la plupart issus du cégep. Ceux-ci avaient déjà une vie sociale développée dans la région de Montréal avant leur arrivée à McGill et pour qui fréquenter McGill, ce n’était que fréquenter une université, aussi prestigieuse soit-elle. La place du français était conséquente à ce sentiment d’appartenance et rare étaient les francophones qui insistaient pour y parler leur langue ou exiger d’être servis dans celle-ci.
LD : Est-ce que votre contribution au Délit a influencé vos choix professionnels ?
DDL : Certainement. Paradoxalement toutefois, le fait d’y avoir travaillé pendant 2 ans et demi m’a poussé vers d’autres métiers que celui du journalisme. Pas nécessairement parce que je n’ai pas apprécié l’expérience, bien au contraire, mais plutôt parce que j’avais envie d’essayer autre chose.
LD : Quel est le meilleur souvenir que vous conservez du journal ?
DDL : Les rencontres que le journal m’a permis de faire à l’extérieur et à l’intérieur de la salle de rédaction. Grâce au Délit, j’ai noué plusieurs belles amitiés que j’entretiens encore à ce jour, dont celle avec une collaboratrice qui est devenue ma colocataire avant de me succéder à la tête du journal et pour qui j’ai fait office de témoin de (relative) dernière minute à son mariage à Londres.
LD : Comment percevez-vous l’avenir des journaux étudiants ?
DDL : Dix ans après être sorti du monde universitaire, il serait un peu prétentieux de me prononcer sérieusement sur cette question. Toujours est-il, j’estime que les étudiants auront toujours besoin de quelque chose à lire de facilement accessible pour passer le temps entre deux cours soporifiques (ou bien pendant ceux-ci).