NIMBYism n’est pas le dernier DJ à la mode de la scène berlinoise, ou la dernière version du système d’exploitation d’Android. Aussi méconnu qu’il puisse-t-être, cet acronyme relate d’un phénomène social qui complique la mise en œuvre de nombreux projets urbains.
Oui, mais pas dans mon jardin…
NIMBY, c’est un condensé d’une hypocrisie moderne où l’on désire toujours plus de technologies sans devoir en subir les aspects négatifs. NIMBYism, c’est « Not In My Backyard » (Pas dans mon arrière-cour, ndlr). Bien que ne se rapportant pas nécessairement aux infrastructures vertes, le phénomène NIMBY est particulièrement visible dans le rapport à l’énergie éolienne que nous entretenons. Évidemment, tout le monde voudrait avoir plus d’énergie verte, puisqu’il est positif de « sauver la planète » ! Mais pas si cela veut dire qu’il faut installer une éolienne dans mon jardin. NIMBY est l’un des défis majeurs qu’auront à affronter les urbanistes d’aujourd’hui. Comment intégrer des infrastructures plus respectueuses de l’environnement à l’intérieur des villes ? Comment lier esthétisme et protection de l’environnement ?
Multiplicité de l’esthétisme
Bien sûr, l’esthétisme et la protection de l’environnement ne se limite pas aux problèmes urbains d’énergie, et de nombreuses initiatives sont déjà en place. Des films et des expositions photos de Yann Arthus Bertrand (pour ne nommer que lui) visent à sensibiliser le public au courant de l’art environnemental – ou l’EcoArt. À travers ce courant l’esthétisme et la nature s’entrecroisent régulièrement. Pourtant, c’est bien à l’intérieur de la ville que le véritable changement peut s’opérer. Les architectes commencent à s’en rendre compte et à apporter des réponses esthétiques et écologiques. En témoignent par exemple les Forêts Verticales (Bosco Verticale) de l’architecte Stefano Boeri à Milan (Italie) et Liuzhou (Chine) qui permettent d’absorber du CO2, rendant donc la ville plus verte aussi bien visuellement qu’écologiquement – ou bien encore à Paris où les célèbres tours publicitaires Morris pourraient bientôt être remplies de micro-algues permettant de purifier l’air. Il semble donc envisageable de concilier la publicité –vecteur potentiel de pollution – avec un subtil mélange écolo-consommateur.
« NIMBYism, c’est « Not In My Backyard » (pas dans mon arrière-cour, ndlr)»
L’énergie, une pollution visuelle
Pour autant, si ces courants artistiques et initiatives scientifiques démontrent une prise de conscience quant à la nécessité de lier art, esthétisme visuel et respect de l’environnement, elles ne sauraient apporter une réponse exhaustive aux problèmes environnementaux – en particulier celui de l’énergie. Jusqu’à présent, l’énergie que nous consommons aussi bien en Europe qu’au Québec est généralement produite en dehors des villes. Dès lors, nul besoin de se soucier des risques sismiques de Fessenheim, ou des hectares de terres historiques autochtones inondées. Or, ce système de production centralisé a pour vocation de changer. De fait, les énergies vertes ont cet inconvénient que l’énergie produite est très difficile à stocker – il convient donc de décentraliser leur production en l’incorporant aux villes. Se pose là le problème du NIMBYism écologique.
La ville partagée
Une solution est offerte par Jeremy Rifkins dans son livre La troisième révolution industrielle. Pour palier les difficultés de conservation et de transport, l’auteur suggère de transformer nos quartiers en centrales énergétiques – photovoltaïques principalement. Une production locale liée à une consommation locale et de petites infrastructures permettraient de se libérer des plus grosses qui génèrent de la pollution (visuelle). Ainsi, le NIMBYism est battu. Qui plus est, cette transformation de production s’accompagnerait d’un réseau électrique partagé où la surconsommation de l’un est alimentée par la sous-consommation de l’autre. L’énergie deviendrait donc un véritable bien commun, partagé entre les habitants des communes.