« Je ne peux accepter que des violences sexuelles soient la cause de traumatismes et d’abandon des études. » déclarait la Ministre québécoise de l’Enseignement supérieur Hélène David, lors de la publication par le gouvernement, de sa Stratégie d’intervention pour prévenir et contrer les violences à caractère sexuel en enseignement supérieur.
Ce rapport, organisé en six axes, allant de la sensibilisation au problème des violences sexuelles, en passant par le traitement des dévoilements, contient de multiples recommandations pour les cégeps et les universités afin de lutter contre les violences sexuelles. Ainsi le rapport souligne, par exemple, que « la sensibilisation des étudiantes et étudiants de première année à la problématique des violences sexuelles doit […] être prévue et intégrée aux activités d’accueil » afin de mieux préparer les membres de la communauté à réagir face à un dévoilement ou une plainte. Aussi, le rapport recommande la création, dans chaque établissement, d’un bureau « de type guichet unique » pour accueillir et orienter les survivant·e·s –tout en notant que les membres du personnels travaillant dans ces structures « devront prendre en considération la diversité culturelle, sexuelle et de genre ainsi que les besoins propres à certains groupes, notamment les étudiantes et étudiants en situation de handicap. » Enfin le rapport enjoint aussi les établissements supérieurs à se doter d’une « politique » ou d’un « code de conduite » spécifique.
Réactions prudentes
Du côté des associations étudiantes, si la majorité salue un pas dans la bonne direction et applaudit en grande pompe l’investissement de 23 millions de dollars, d’autres, à l’image de l’Association pour la voix étudiante du Québec (AVÉQ) regrettent un « manque de clarté ». « Plusieurs campus ont déjà des difficultés à avoir de bonnes ressources, particulièrement en région. La ministre a annoncé un montant pour sa stratégie, maintenant reste à savoir si les ressources seront réellement accessibles pour tous les étudiant·e·s au Québec », explique Häxan Bondu, responsable aux affaires sociopolitiques de l’AVEQ. Elle fait ici référence au manque d’information en ce qui concerne la distribution des fonds annoncés par le gouvernement.
L’Association des étudiant·e·s en premier cycle de l’Université McGill (AÉUM, SSMU en anglais, ndlr), par la voix d’un communiqué de presse, a déclaré : « répond[re] à l’annonce avec des hésitations à cause de quelques préoccupations soulevées lors du processus de consultation pour cette stratégie, notamment l’absence de perception des personnes ayant subi une agression sexuelle (PASAS)» tout en disant qu’elle « attend[ait] avec intérêt la continuation du travail avec le cabinet du ministre ».
Et McGill dans tout ça ?
L’Université McGill pour sa part souligné que la stratégie de la Ministre représente un « pas en avant important pour toutes les universités dans la province » et que le travail de l’Université était « continu » et que la Politique contre la violence sexuelle (votée l’année dernière, ndlr) sera « soumise à des révisions », notamment après la remise des rapport du Groupe d’étude sur la violence sexuelle sur les campus et du Comité de mise en œuvre de la Politique contre la violence sexuelle.
La lutte contre les violences sexuelles avait été au cœur de l’actualité mcgilloise l’année dernière alors que des allégations de violence sexuelle et genrée avaient conduit à la démission du vice-président aux Affaires externes de l’AÉUM David Aird, ainsi que du président Ben Ger et entrainé une profonde réforme de l’association.