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Unity, futur de la technologie à Montréal

Le Délit a rencontré l’équipe de Unity, le moteur de jeu multi-plateforme. 

Le Délit (LD): Pouvez–vous nous faire une brève présentation de Unity ? 

Unity (U): Unity est un moteur de jeu. On ne fait pas de jeux ni de produits pour les consommateurs mais nous faisons plutôt des produits pour les développeurs, artistes, designers, programmeurs pour que eux puissent créer à leurs tours. Unity est une compagnie basée à San Francisco et est aujourd’hui sur 2.2 milliards de devices (appareils électroniques, ndlr): playstations, télévisions, téléphones. En 2016, il y eu 16 milliards de dollars dépensés pour l’installation de l’application.

[Notre moteur] est un outil similaire à Photoshop, il faut apprendre à l’utiliser et à se familiariser avec lui. C’est pourquoi il existe des cours d’utilisation de Unity.

Unity permet de créer des jeux et d’avoir du succès avec ceux-ci,  en faisant des produits commercialement viables. Ses utilisateurs peuvent créer de la publicité pour leurs créations sur le réseau [de notre entreprise]. Dans le cas où le producteur a un jeu qui rencontre déjà du succès, il lui est possible de monétiser ce succès par des in-app purchases ou encore par des annonces, publicités ou vidéos. Unity est une plateforme importante et ce mois-ci, 1.2 millions de développeurs l’utilisent.

« Unity est une plateforme importante et ce mois-ci, 1.2 millions de développeurs l’utilisent »

LD : Quel était votre rapport à la réalité virtuelle (VR)?

U : [Notre compagnie] ne veut pas se battre sur les plateformes. Elle les supporte presque toutes : Facebook, Microsoft, Google… Cela permet aux développeurs de ne pas s’allier juste à Microsoft. Si un développeur crée un produit sur Unity qui [fonctionne] sur Facebook, Microsoft et autres plateformes, cela réduit fortement les coûts de risque du marché. 

Quant à la place de la VR, elle est encore à déterminer. Quand la télévision est apparue à l’époque, elle était considérée comme dangereuse. Une forte majorité considérait que passer de la radio et du journal à la télévision était une mauvaise idée. Aujourd’hui la même chose se produit avec la VR. Pourtant nous la considérons comme une continuation du téléphone, ni mieux ni pire que les matériaux déjà utilisés. Bien sûr, comme toutes choses, il faut l’utiliser avec modération. Est-ce pire que le téléphone ? Pour nous, c’est pratiquement la même chose. Le progrès n’est pas dangereux tant qu’il est modéré. La VR donne une autre option d’évasion, plus attrayante, plus abordable. Les devices ne sont pas instables ni complètement addictifs, pour la bonne et simple raison que l’utilisateur de jeux VR ne peut pas y passer plus de quelques heures. Le joueur a un casque, est connecté à plusieurs fils, tout le ramène à la réalité, donc cela ne peut qu’être une évasion temporaire.

« Nous souhaiterions élaborer davantage sur le domaine artistique »

LD : Quelle est la place pour Unity dans l’univers du cinéma ? 

U : Le futur du cinéma est aussi le présent du cinéma. Ce que nous voulons dire par là c’est que le médium en lui-même est assez mature. Il peut évoluer dans les effets spéciaux ou autres mais l’expérience en tant que telle est relativement mature. La composition en 2D va rester statique, et l’histoire proposée par le 2D ne changera pas par la technologie. Unity n’aidera pas à changer le résultat dans ces scénarios là, mais aidera plutôt à changer la production du résultat. Il est actuellement très coûteux et risqué de faire des illustrations de films. C’est pourquoi elles sont rarement produites. Unity est utile dans ce que l’on appelle les épisodiques, d’une qualité suffisante pour l’audience. Par exemple, Netflix est remplie de séries épisodiques pour enfants. Le but de Unity dans le cinéma serait de démocratiser les moyens de production de film et de créer plus de variété dans le milieu. 

LD : Pensez-vous que la VR ou Unity puisse avoir une utilité académique pour les étudiants dans le domaine des sciences, de l’ingénierie, ou de l’informatique ?

U : L’accès à la réalité virtuelle est limité. Limité par le matériel qui n’est pas encore mature. Il faudrait attendre que le matériel soit plus accessible. Aujourd’hui, les gens estiment que cela coûte cher, que ce n’est pas pratique et pas encore complètement disponible. Il nous semble qu’il faudrait attendre une dizaine d’années avant que cela soit rendu plus accessible.

« Le futur du cinéma est aussi le présent du cinéma. Il peut évoluer dans les effets spéciaux  mais l’expérience en tant que telle est relativement mature. »

LD : Comment est-ce que les Montréalais réagissent à Unity, quelle est leur spécificité ? 

U : Montréal est un hub de technologie. On aurait peut-être pas dit ça de la ville il y a 20 ans. Des arrivées comme Facebook, Google, Microsoft dans la dernière année ont intensifié cette notion de hub. Google était déjà là mais a ajouté un centre de recherches. Les centres de jeux vidéo étaient quand même déjà bien établis mais renforcés depuis les dernières années également. 

Unity est venue à Montréal car elle a été attirée par son expertise établie en film. Dans le domaine du film il y a 2000 personnes qui travaillent dans les effets spéciaux. C’est une expertise non négligeable, que nous pouvons engager à Unity. Montréal est donc un bassin d’embauche, d’expertise et même de clients intéressants. Unity s’est installée à Montréal en 2012. En 2015 nous avons doublé, l’année passée également, et il est attendu que ce soit encore le cas cette année. 

LD : Parlez nous de vos projets ! 

U : Nous souhaiterions élaborer davantage sur le domaine artistique, permettre aux artistes de créer avec plus de facilité, et ce particulièrement dans le domaine du cinéma ou du film, car Montréal est connu pour ses festivals cinématographiques assez importants et toujours remplis d’art formidable. 


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