L’air est aigre, sec et rempli de dioxyde de carbone ; l’automne arrive. Les feuilles craquent enfin sous nos pas, les toux – interminables et dont l’origine reste mystérieuse – s’imposent finalement pour les six prochains mois de l’année et les toilettes familièrement glauques des bibliothèques bercent nos moments de répits. Une v.-p. de l’AÉUM à vélo, emmitouflé dans son manteau, me dépasse à minuit pour griller un feu rouge. Les insomnies se multiplient. L’automne arrive et la santé s’éloigne.
Nos petits corps malades se terrissent sous terre, se recroquevillent sur eux-mêmes, comme les feuilles qu’il nous fait si bon de piétiner.
Procrastinant au chaud sous nos couettes, nous voyons défiler les courriels des différentes associations étudiantes, dont les bons mots se veulent réconfortants – « please don’t forget to take care of yourself » (n’oubliez pas de prendre soin de vous, ndlr), « we hope everyone is surviving » (On espère que tout le monde survit, ndlr) – mais qui semble enfoncer un peu plus le clou. « Survivre », voilà ce qu’il nous est donné d’accepter. C’est bien une drôle de manière d’imaginer l’expérience universitaire.
En fait, nous sommes tous un peu dans la même barque, Milton B n’est jamais aussi plein qu’à trois heures du matin. Des étudiants perdus mais, heureusement, qui s’entraident un peu. On s’échange une écharpe, une cigarette, une pastille pour la gorge, un brunch ou une petite phrase réconfortante. Tout le monde le sait, ensemble nous survivons mieux.
Le Délit, quant à lui, saura aussi vous offrir un peu de réconfort. Une petite perte de temps, le temps d’un édito, d’un poème, d’un article. Le temps de se dire que tout n’est pas si grave, de s’ouvrir un peu au monde. Le temps d’un journal, le temps de voir ce qu’il se passe autour de nous.
Il fait bon parfois de perdre le fil du temps, de débobiner en regardant tomber les feuilles. Et puis, pas d’inquiétude, on ne le dira à personne. Demain on retournera tous à nos bouquins, un peu de baume aux lèvres pour éviter de craquer.