Si la musique est un reflet coloré des tourments ponctuels de l’âme, alors, en octobre, elle prend la couleur mélancolique des fins de journée d’automne. Le dernier album éponyme du groupe texan Cigarettes After Sex paru en juin dernier se place dans la lignée de ces disques intemporels qui aident à traverser la monotonie ambiante.
Dès la première écoute, les mots désabusés du chanteur font mouche. On frissonne. Nous sommes happés par une mer de paroles nuageuses et de guitares aériennes, caractéristique des précédents succès du groupe.
L’ambiance de ce nouvel album s’éloigne quelque peu de I., paru en 2012 et sur lequel figure notamment Nothing’s Gonna Hurt You Baby.
L’enregistrement est davantage intimiste, la voix de Greg Gonzalez encore plus vaporeuse. La recette semble pourtant être la même : une profonde mélancolie rythmée par une batterie lascive, des paroles parfois crues – Young & Dumb – qui illustrent à merveille le spleen d’une nouvelle génération de poètes maudits.
Le visuel de l’album, titre blanc sur fond noir, choix esthétique maintes fois affirmé, annonce sans fards ni détours le parti pris d’une musique limpide dans laquelle chacun.e placera ses maux. Avec Cigarettes After Sex, le groupe propose sa vision du beau, un rock tendrement romantique, un appel à l’infini qui semble murmurer « vous n’êtes pas seul ».