Que faire lorsque l’on est témoin d’une agression sexuelle ? C’était le sujet de la conférence du jeudi 27 janvier organisée par Consent McGill. À travers différents scénarios, le groupe a mené une discussion sur comment être un témoin actif en cas d’une agression. En 1964, une femme de 28 ans nommée Kitty Genovese a été assassinée juste devant la porte de son immeuble à New York. Plus tard, le New York Times a révélé qu’au moins 38 personnes avaient été témoins du meurtre. Hélas, personne n’est intervenu, ni n’a alerté les autorités.
Quatre ans plus tard, en s’appuyant sur ces événements, les scientifiques John M. Darley et Bibb Latané ont inventé en 1968 le terme « effet du spectateur » (« bystander effect » en anglais, ndlr) pour décrire le phénomène observé chez les témoins du meurtre de Kitty Genovese : il semble que lorsqu’un groupe nombreux est témoin d’une agression, chacun est moins susceptible d’agir que lorsque la responsabilité d’intervenir tombe sur une seule des personnes présentes.
Demandez de l’aide aux responsables de la sécurité du lieu où vous vous trouvez
Savoir vs. pouvoir prévenir
Il n’est pas rare de voir des disputes violentes éclater à la sortie des boîtes de nuit de Montréal, d’entendre des propos sexistes et/ou violents, ou de nous demander si chacun respecte la règle du consentement. Ainsi, il est difficile de savoir quand il est nécessaire d’intervenir. Pourtant, beaucoup d’agressions sexuelles pourraient être prévenues par des témoins avisés. Au Québec, c’est environ un homme sur 10 (9,7%) et près d’une femme sur quatre (22,1%) qui rapportaient en 2006 avoir vécu au moins un incident d’agression sexuelle avec contact avant l’âge de 18 ans, représentant 16% de la population québécoise (selon l’Institut national de Santé Public du Québec, ndlr). Il est par conséquent fondamental de rappeler la définition légale d’une agression sexuelle : « un geste à caractère sexuel, avec ou sans contact physique, commis par un individu sans le consentement de la personne visée ou, dans certains cas, notamment dans celui des enfants, par une manipulation affective ou par du chantage » (Institut national de Santé Public du Québec, ndlr). Les agressions sexuelles ne sont pas rares, et il y a de grandes chances pour que beaucoup de personnes aient pu un jour changer positivement l’issue d’une telle situation mais qu’elles ne s’en soient pas rendu compte.
Alors que faire ?
Comment être témoin actif ? En étant direct mais calme, en déléguant, ou même seulement en demandant des nouvelles lorsque l’on sait que quelqu’un a subi un abus. Il est évidemment plus facile d’intervenir lorsqu’on connait les personnes concernées et il faut souvent être plus inventif lorsqu’il s’agit d’inconnus. Une personne mal à l’aise a parfois seulement besoin que son interlocuteur soit distrait une minute pour s’échapper d’une situation. Demandez de l’aide aux responsables de la sécurité du lieu où vous vous trouvez —un·e policier·ère, un·e· videur·euse·, un·e· barman/serveur·euse·…— ou même à des inconnus, si vous ne vous sentez pas capable d’intervenir seul·e·s. Essayez toujours d’obtenir le consentement de quelqu’un avant de l’aider (« Veux-tu que l’on sorte une minute ? », par exemple) ou bien tournez la question de façon à ce que vous ayez l’air de demander une faveur à la personne qui a besoin d’aide (« J’ai besoin de sortir, peux-tu m’accompagner ? »), lui donnant une occasion et une excuse pour stopper une discussion ou une situation inconfortable. Lorsque vous sortez entre amis, ayez un plan pour le retour chez soi de chacun·e. Ainsi, même si ce plan change, cela vous donne une raison de vérifier que tout le monde va bien.