Ce sont des citoyens, des fidèles, des activistes et des politiciens qui se sont réunis dimanche pour commémorer le premier anniversaire de l’attentat de la grande mosquée de Québec. Le Forum musulman canadien et les organisations communautaires du Québec ont choisi de faire la commémoration place de la gare Jean Talon, là où un an auparavant, environ 5000 Montréalais s’étaient rassemblés pour rendre hommage aux victimes.
Si le Forum musulman canadien (FMC, ndlr) a organisé cette commémoration, c’était certes pour rendre hommage aux victimes et se souvenir de cet attentat, mais aussi pour rappeler l’importance du vivre-ensemble, du combat face aux préjugés, et enfin de reconnaitre le problème sociétal révélé par cet acte terroriste à savoir : l’islamophobie. Ces intentions étaient illustrées par les pancartes distribuées par le FMC sur lesquelles on pouvait lire « compassion », « solidarité », « levons nous pour la paix », « beaucoup d’amour », « non au racisme », « oui à l’égalité » ou encore « je me souviens ».
La mairesse prend la parole
Valérie Plante, mairesse de Montréal, est aussi intervenue et, après une minute de silence, a soutenu que son rôle en tant qu’élue, peu importe la couleur politique, était de faire de Montréal « une terre inclusive où il fait bon de vivre ». De plus, elle a ajouté : « que l’on croit ou non en un dieu, on mérite tous d’être traité avec intégrité ». Elle a assuré son soutien et a affirmé vouloir continuer à se battre pour l’intégration de tous les résidents Canadiens dans la société et à faire en sorte qu’un tel évènement ne se reproduise jamais. « Nous sommes vos alliés » a‑t-elle conclu.
Compassion, mais après ?
Si les intervenants de la communauté musulmane ont reconnu « la vague de sympathie et l’élan de compassion et de solidarité et de compassion sans précédent » depuis l’attentat, certains semblent en attendre plus de la classe politique. Le 29 janvier 2017 a confronté la société québécoise au problème d’islamophobie qui lui est inhérent. Mais comment tourner cette page pour en faire un commencement ? Cette date ne doit pas uniquement être un jour de souvenir ou de solidarité, mais un jour de reconnaissance de l’action menée contre l’islamisme radical.
Comme l’a soutenu un des intervenants, cette atteinte à la liberté de culte, cette injustice, cette haine, ces préjugés et crimes haineux naissent de l’ignorance. Un appel au changement a donc été lancé, ainsi qu’une mise en pratique des paroles prononcées précédement et à une sensibilisation de la population. Un dernier intervenant a ainsi interpellé la foule avec son expérience personnelle : est-ce normal d’être traité de « Ben-Laden », d’être victime de propos haineux sur les réseaux sociaux ou de ne pas pouvoir passer la frontière américaine sans interrogatoire de la douane sous prétexte que l’on est musulman ?
Ainsi, comme l’a soutenu l’imam présent lors de l’attaque à la grande mosquée de Québec, les six hommes tués lors de cet attentat ne doivent pas être morts en vain, ils doivent être un « pont » vers un meilleure vivre-ensemble.
Selon lui, le Canada est une nation d’immigration, trouve sa force dans la diversité des membres qui la composent. C’est maintenant le rôle des anciens immigrants d’aller vers les nouveaux pour pouvoir mieux les intégrer dans la société.