Anciennement baptisé Art Lord & the Self Portraits, le groupe américain débute à cinq à Baltimore en 2006. Membre de la première heure, le chanteur Samuel T. Herring impose dès lors une signature vocale qui deviendra un des éléments caractéristiques de l’identité musicale du groupe. Trois ans plus tard, le groupe se sépare de deux de ses membres et Future Islands (Samuel T. Herring, Gerrit Welmers et William Cashion) prend forme.
Infusion post-wave
Mélange subtil de rock indie et d’électropop, on trouve tout d’abord dans la recette musicale de Future Islands un drum set électro assuré. Sur la plupart des morceaux, la batterie énergique constitue une trame rythmique fondamentale, et suscite une irrésistible envie de bouger l’une ou l’autre extrémité de son corps sur le tempo. À ce canevas rythmique s’ajoutent une basse assidue et un tissu de synthétiseurs, qui concrétisent la texture électro et la tension intrinsèque aux morceaux de Future Islands. Pour autant, la musique du groupe reste difficile à décrire, tant elle resulte de l’infusion de genres musicaux divers et s’est redéfinie au fil des albums. Le trio dépeint son style comme post-wave, et revendique l’influence de groupes comme Joy Division (particulièrement palpable sur l’album In Evening Air paru en 2010) ou Kraftwerk.
Voix d’outre-tombe, sous hypnose
On ne peut évoquer le groupe sans s’arrêter sur la performance vocale du chanteur, qu’on connait également pour son projet hip-hop Hemlock Ernst. La voix d’Herring oscille entre puissance et vulnérabilité, voix de tête claire et graves profonds. Couplée à une attitude de crooner moderne, elle colore la musique de Future Islands d’une légère teinte années 60 et lui apporte une intensité folle. Sur certains titres (On The Water, Fall From Grace), le chanteur emprunte au métal et se laisse aller à des accents gutturaux. La présence scénique d’Herring et le talent du groupe avaient d’ailleurs été remarqués en mars 2014, alors qu’ils étaient invités sur le plateau du Late Night Show de David Letterman. Future Islands offre alors une performance exceptionnelle de Seasons (Waiting on You), et Herring fascine par sa voix d’outre-tombe et sa façon magnétique de se mouvoir sur scène.
Prose aux accents mélancoliques
En contraste avec la cadence soutenue et le caractère entraînant de leur musique, les paroles des morceaux de Future Islands sont souvent empreintes d’une mélancolie brumeuse, parfois très sombre. Elles évoquent les grands espaces, les envies de liberté, les belles désillusions, les vestiges d’amours passées, et l’importance du temps pour soigner les cœurs. C’est Herring qui prend en charge la plus grande partie du processus d’écriture. Influencé par des recueils de poèmes qui donneront, entre autres, leur nom à deux albums (The Far Field en 2017 et In Evening Air en 2010), et avec grande délicatesse et sans pudeur, il traduit en musique des pans de sa vie : « La seule chose dont je peux honnêtement parler et en laquelle je crois, c’est ma propre vie. Donc je partage des histoires vécues, car c’est la seule vérité que je connaisse ».
À la croisée de la nouvelle vague électro et du synthrock des années 80, Future Islands offre à nos oreilles des morceaux incandescents, comme un îlot d’authenticité au milieu de l’océan.