Environnement, changements climatiques, transition énergétique : ces thèmes sont-ils importants aux yeux des Québécois et Québécoises ? Oui, mais pas assez pour en faire un enjeu prépondérant de la campagne. Analysons le pourquoi.
Un enjeu important, mais…
Sur papier, l’environnement semble être un enjeu important. En effet, selon la Boussole électorale de Radio-Canada, l’environnement vient au 4e rang des thèmes les plus importants pour les répondants. Les jeunes y accordent le plus d’importance et les 55 ans et plus y en accordent le moins. De même, des internautes ont commencé à faire circuler un cadre destiné aux photos de profil Facebook indiquant : « Élections 2018 : Parlons environnement », exprimant pour eux l’importance de cet enjeu qui se fait moins bruyant que l’éternel « santéducation » répété à tout vent d’élection en élection.
Pourtant, les promesses environnementales sont loin d’être les plus populaires. En effet, selon un sondage Léger, nous pouvons voir qu’une seule promesse liée à l’environnement (réduire de moitié le coût des transports collectifs, par Québec solidaire) se trouve dans le top 10 des promesses les plus populaires. Comment expliquer ce décalage ?
Micropromesses
Plusieurs commentateurs politiques l’on dit : l’heure est aux annonces ciblées, voire au clientélisme électoral. En effet, les partis politiques ont multiplié des « micropromesses » (dîners pour les enfants à l’école, crédits d’impôt supplémentaires pour un 2e et un 3e enfant, montant d’argent pour les familles, etc.) et une cible s’est dévoilée assez clairement : les familles. Cet électorat étant volatile et ayant un assez haut taux de participation aux élections, c’est évidemment une cible de choix pour tous les partis aspirant à prendre le pouvoir.
Dans ce contexte clientéliste où une partie de l’électorat « magasine » son choix de vote, l’environnement — qui est davantage un enjeu de fond — n’est pas une stratégie payante pour les partis politiques. En effet, être sérieux en matière d’environnement implique généralement d’imposer certaines contraintes (éliminer les voitures à essence, l’exploitation pétrolière, la consommation de produits animaliers, etc.). Il est plus difficile de promettre des « cadeaux électoraux » comme il est possible de le faire en ciblant les familles.
Les partis en rafale
Québec solidaire (QS) est effectivement le parti représenté à l’Assemblée nationale qui accorde le plus d’importance à l’environnement dans sa campagne électorale, énoncé confirmé par La Vérif de Radio-Canada en date du 3 septembre 2018. Ceci est en concordance avec le programme du parti se disant ouvertement « écologiste ». QS, n’ayant que très peu de chances de former le prochain gouvernement, peut « se permettre » d’éviter le clientélisme et se présenter comme acteur n’étant pas issu de la « vieille classe politique ». Notons aussi que chez QS, les programme économique et écologique ont été annoncé au même moment, signe que le parti comprend l’écologie et l’économie dans une symbiose.
Quant au Parti Québécois (PQ), si ses promesses ne manquent pas de « sérieux » dans leur ambition, les modalités de ces mesures offrent le cadre peu restrictif propre aux partis qui assouplissent leurs promesses une fois au gouvernement. Certains digèrent encore mal les actions peu écologiques du dernier gouvernement péquiste élu en 2012. Au regard des promesses de QS, le PQ vise un électorat écologiste languissant axé sur le développement durable et non pas centré autour de véritables positions écologistes crédibles.
Si le PLQ ne s’est pas vraiment fait remarquer sur l’enjeu de l’environnement et n’en a pas parlé en substance, la CAQ a dû marcher sur des œufs lorsqu’une de ses candidates a déclaré en ondes à Radio-Canada que son parti n’était pas « pro-pétrole », alors qu’un candidat adversaire lui a rappelé que l’«exploitation responsable du pétrole et du gaz du schiste » faisait effectivement partie de la plateforme de la CAQ. Les termes « pétrole » et « gaz de schiste » ont été retirés le jour même du site Internet de la CAQ, offrant l’image d’une gestion maladroite du sujet.