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Co-présence au MAC

Rafael Lozano-Hemmer nous emmène dans une expérience mêlant sens et technologies.

Webmestre, Le Délit | Le Délit

L’exposition Présence instable vient de s’achever au Musée d’Art Contemporain de Montréal. Du 24 mai au 9 septembre, il était possible de venir observer les oeuvres de Rafael Lozano-Hemmer, artiste d’origine mexicaine, résidant à Montréal et grandement reconnu à l’international pour ses installations participatives. Il est notamment le premier artiste à représenter le Mexique à la Biennale de Venise, et compte des oeuvres parmi les collections du MoMA à New York, ainsi que du Tate Modern à Londres. Jusque-là peu présenté à Montréal, Rafael Lozano-Hemmer effectue un retour sur sa production des dix dernières années au travers de Présence instable.

Spectateur·rice et technologie

Plus que des installations spectaculaires par leur taille, couleur ou luminosité, la plupart des oeuvres de l’exposition requièrent une participation active des spectateur·rice·s, et invitent à plus qu’un simple regard ou une traversée. Ces dernier·ère·s doivent entrer en mouvement, s’immobiliser, parler, être bruyant·e·s ou encore pénétrer les oeuvres pour activer ces dernières. L’utilisation de la technologie est un aspect prédominant du travail de Rafael Lozano-Hemmer et permet cet échange participatif. On observe ainsi l’utilisation de vidéos, capteurs de présences, de sons, de projections lumineuses, de jeux d’ombres. En plus d’activer les œuvres, les spectateur·rice·s font partie intégrante de ces dernières, qui accumulent des images, des sons, des mouvements, qu’elles réutilisent ensuite dans leur fonctionnement. 

Au-delà de la simple participation

Outre le côté ludique et plaisant de l’exposition, l’artiste aborde au travers de ses œuvres des sujets plus délicats et met ainsi l’accent sur des événements tel que le massacre étudiant de Tlatelolco (Mexique, 1968). En effet l’oeuvre Voz Alta and Prototype, commissionnée en 2008 pour célébrer le 40ème anniversaire de ce tragique événement, était constituée d’un haut-parleur et d’un faisceau lumineux, mis à disposition sur la Plaza de las Tres Culturas (Mexico), et permettait aux proches des victimes de ce massacre de s’exprimer en public. Le dispositif entier ainsi que des vidéos de l’installation dans son contexte premier étaient exposés au MAC. 

D’autres installations abordent un sujet différent : celui de la surveillance. Plusieurs œuvres utilisent des capteurs de mouvements ainsi que des techniques de vidéo-surveillance. C’est notamment le cas de Zoom Pavilion. Les spectateur·rice·s entrent dans une salle équipée de douze systèmes de reconnaissance faciale, ainsi que des caméras, projetant les images du public sur les murs, effectuant des zooms sur les visage et établissant des connections aléatoires entre les visiteur·se·s. Cela ne rappelle que trop bien le sentiment d’être dans un film futuriste dangereusement proche, dans lequel tout le monde est surveillé et tout est automatisé. L’exposition Présence instable compte ainsi plusieurs dimensions, qui la rendent autant accessible qu’intéressante. Il est très facile de se laisser porter par les différentes installations, qui restent néanmoins porteuses des messages critiques de la société.   

Expositions à venir 

Le rideau venant de tomber sur la rétrospective artistique de Rafael Lozano-Hemmer, le MAC se pare de nouveautés. Les expositions de l’automne sont en cours d’installation. Manifesto de Julian Rosefeldt, artiste allemande, mettra en scène une oeuvre immersive, passerelle entre vidéo, performance et installation. La programmation comptera également l’installation d’une exposition rétrospective de l’artiste québécoise Françoise Sullivan. Enfin, Partitions, ayant pour rôle de faire le pont entre les deux expositions précédentes, sera la dernière de la session d’automne. Il sera possible de visiter le Musée d’Art Contemporain à nouveau dès le 20 octobre, lorsqu’il sera rouvert au public. 


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