Quelques jours avant les élections néo-brunswickoises, les sondages annonçaient une victoire relativement confortable du premier ministre sortant Brian Gallant, du Parti libéral, sur son adversaire Blaine Higgs, du Parti progressiste-conservateur. Le soir du vote, le chef libéral n’a pourtant pas réussi à obtenir la pluralité des sièges malgré une claire victoire du vote populaire (38%). La campagne ne s’est toutefois pas faite sans heurt pour le chef libéral : alors qu’on lui créditait 50% du vote en début de campagne, il ne remportait les faveurs que de 37% des électeurs en date du 21 septembre.
Le Parti progressiste-conservateur, pour sa part, obtenait un score de 30%. Mais peu importe le résultat final, la progression la plus remarquable de cette campagne aura certainement été celle de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick. Cette formation politique, dirigée par Kris Austin, considérée comme populiste par de nombreux politologues, est connue pour ses prises de position contre le statut bilingue de la province. Durant la dernière élection, l’Alliance des gens n’avait réussi à obtenir que 2% des voix ; elle a obtenu 13% des voix et la balance du pouvoir avec le Parti vert.
L’enjeu de la langue française
Si un sujet a fait les manchettes durant la campagne électorale, il s’agit de l’enjeu de la langue. Celui-ci refait régulièrement surface dans cette province, qui avec ses 32% de citoyens francophones, est la seule officiellement bilingue du Canada. Avant même le début de la campagne, le chef progressiste-conservateur Blaine Higgs a été critiqué pour avoir empêché la tenue du traditionnel débat en français, en refusant d’y participer. On lui a également reproché d’avoir, dans les années 1980, soutenu que le Nouveau-Brunswick devrait devenir une province unilingue. Les propositions controversées de Kris Austin ont aussi suscité le mécontentement des Acadiens. Afin de faire des économies, le chef de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick a promis à ses partisans d’abolir le système de santé francophone, qui existe dans la province en parallèle avec le réseau anglophone. Il a également proposé d’abolir le Commissariat aux langues officielles du Nouveau-Brunswick, qui surveille l’application du bilinguisme dans la province.
Enfin, en fin de campagne, le chef progressiste conservateur s’est attiré les foudres des politiciens francophones en affirmant qu’il avait l’intention de former une coalition avec l’Alliance des gens si nécessaire, pour former un gouvernement. Le vote francophone, réparti dans les régions côtières de la province, est crucial pour que le Parti Libéral remporte une victoire ; il est généralement acquis pour celui-ci, tandis que les circonscriptions unilingues anglophones de l’intérieur des terres votent plus souvent pour le Parti conservateur.
Un autre désaccord
L’environnement a aussi été un enjeu important de l’élection, en particulier à cause de la taxe sur le carbone qu’Ottawa souhaite imposer aux provinces. Le chef conservateur a fait activement campagne contre cette mesure qu’il juge économiquement non viable pour la province. Celui-ci a promis de se joindre aux premiers ministres conservateurs de l’Ontario et de la Saskatchewan dans une poursuite intentée contre le gouvernement fédéral. Brian Gallant, ainsi que le chef du Parti vert, le député sortant David Coon, ont quant à eux fait campagne en faveur de la réduction d’émission de gaz à effet de serre et de la taxe au carbone du gouvernement fédéral.