Profond, touchant, troublant… et drôle ! Ce sont les premiers mots qui me sont venus en tête après avoir assisté à la représentation de Candide ou l’Optimisme au Théâtre du Nouveau Monde le 28 septembre. Basée sur le roman éponyme de Voltaire et adaptée à la scène par Pierre Yves Lemieux, cette pièce nous plonge directement dans l’univers du grand penseur des Lumières.
La metteuse en scène Alice Ronfard recrée le processus d’écriture du conte philosophique Candide ou l’Optimisme en faisant jouer le récit de Voltaire par ses amis devant l’auteur. Cette mise en abyme, quoique déstabilisante dans les premières minutes, nous permet d’être transportés dans la tête d’un créateur et d’un homme troublé par des questions existentielles : Qui suis-je ? Où suis-je ? D’où viens-je ? Où irai-je ?
Ces questions, bien présentes dans la société actuelle malgré une écriture datant du XVIIIème siècle, sont étudiées à travers le récit de Candide et de Cunégonde, deux amants qui changent leur regard sur le monde suite à de multiples [més]aventures. Plusieurs thèmes difficiles sont abordés : la religion, l’esclavage ou encore les désastres naturels. Peu à peu, la vision optimiste de la vie de Candide est décousue pour révéler le côté sombre de l’âme humaine.
De quoi bien faire réfléchir sur ce qu’est une bonne vie. Mais bien que cette pièce pousse à une réflexion solide, le plaisir n’en est pas exclu. Ponctuée de blagues et d’allusions bien salées, les fous rires sont au rendez-vous. De plus, les personnalités attachantes des différents personnages ont de quoi séduire le spectateur.
Adresse et simplicité
Il faut également souligner le talent des acteurs et actrices de la distribution : Valérie Blais, Patrice Coquereau, Larissa Corriveau, Benoît Drouin-Germain, Emmanuel Schwartz. Au niveau de l’interprétation, c’est un sans-faute qu’ils nous ont livré. Mention spéciale à Emmanuel Schwartz pour le rôle de Voltaire qu’il a su rendre convaincant et dramatique.
Finalement, c’est dans un décor très minimaliste mais efficace que ce récit prend place. Les acteurs représentent les plus grandes villes de l’époque, telles que Paris, Vienne, Istanbul… avec des chaises et une table. Cela peut avoir l’air de peu, mais avec l’aide d’une projection sur la toile de fond, il n’en fallait pas plus pour rendre le tout crédible. Le schéma est le même pour les costumes. Ils étaient simples, mais beaux et rendaient le visuel de la pièce intéressant. Cependant, certains d’entre eux ne semblaient pas appartenir à la même époque. Anachronisme ou choix délibéré ? Je pencherais
pour la deuxième option. En conclusion, si jamais vous avez envie de passer une soirée toute en émotion et en réflexion, la pièce Candide ou l’Optimiste devrait vous plaire.