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Tumulte aux études islamiques

La poursuite du Professeur Ibrahim force McGill à intervenir au sein de l’Institut.

L’Institut d’études islamiques de McGill (IEIM) a vu la composition de son administration modifiée en septembre dernier lorsque la directrice de l’Institut, Prof. Michelle Hartman, et le directeur des programmes de premier cycle, Prof. Pasha Khan, ont été relevé·e·s de leurs fonctions administratives.

Changement de direction

La Prof.  Hartman avait été nommée directrice de l’institut plus tôt cet été, succédant au Prof.Robert Wisnosky. Dans un courriel adressé au Délit la vice-principale exécutive adjointe (équité et priorités académiques) Angela Campbell a expliqué que « la décision vise à assurer qu’il n’y ait aucun membre de l’administration de l’Institut étant en conflit d’intérêts ou pouvant faire l’objet d’allégations de conflit d’intérêts ».

Pour la remplacer, le Prof. Martin Grant, ancien doyen de la Faculté des sciences, a été nommé au poste d’intendant pour l’année académique 2018–2019. Angela Campbell justifie ainsi la décision : « À la lumière de profonds conflits interpersonnels au sein de l’Institut, le vice-principal exécutif et vice-principal aux études (Prof. Christopher Manfredi, ndlr) a jugé que les intérêts des étudiant·e·s, des membres de la Faculté et du personnel de l’Institut seraient le mieux servis en nommant une personne de l’extérieur pour administrer les opérations de l’Institut […]. » 

Le Prof. Pasha Khan, quant à lui, a  été remplacé au poste de directeur des programmes de premier cycle par le Prof. Malek Abisaab. 

La poursuite en cause 

Dans un communiqué diffusé le 21 septembre, l’Association étudiante des études du monde islamique et du Moyen-Orient (World Islamic and Middle East Studies Students Association ou WIMESSA en anglais) a indiqué que l’administration mcgilloise leur avait expliqué que la décision était liée à la poursuite du Prof. Amhed Fekry Ibrahim dirigée vers le Prof. Pasha Khan et une étudiante de l’Institut.

Déposée en juin dernier, la poursuite réclame 600 000$ à la partie défenderesse pour diffamation ainsi que dommages moraux et perte de possibilités futures d’emplois. La diffamation concerne les allégations d’inconduites sexuelles dont le Prof. Ibrahim fait l’objet depuis 2015 et la réputation de « prédateur sexuel » dont ce dernier se dit être maintenant victime. 

Le corps étudiant inquiet

Au travers de tous ces changements, la WIMESSA s’inquiète du manque de communication de la part de l’administration mcgilloise. Notamment, l’association étudiante indique qu’aucune information n’a été communiquée de la part de McGill en ce qui concerne la sécurité des étudiant·e·s.

Le président de l’association, Andrew Sandock, abonde dans le même sens : « Plus encore que les changements structurels à l’Institut, la longue série d’événements ayant eu lieu ces dernières années ont définitivement rendu les étudiant·e·s inquièt·e·s à propos de leur place et de leurs études au sein de l’IEIM. »

Le président souligne que de nombreux·ses nouveaux·elles étudiant·e·s hésitent à déclarer une majeure en Études islamiques et du Moyen-Orient à cause de toute les controverses entourant l’Institut. « Les changements à l’Institut semblent renforcer ces craintes et je crois qu’il est important que nous informions nos étudiant·e·s sur la situation actuelle et sur les impacts qu’elle aura sur eux·elles de façon à ce qu’ils·elles puissent se sentir confortables », a‑t-il écrit au Délit.

Il espère également que McGill sera plus à l’écoute des inquiétudes et considérations des étudiant·e·s : « Certain·e·s sont assez contrarié·e·s par les changements administratifs et souhaitent faire entendre leur voix. Nous ne pouvons que tenter de porter ces voix à l’administration en souhaitant que celle-ci les écoute. » 


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