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Vers un campus plus sécuritaire

On discute CAQ, violences sexuelles et frais étudiants au conseil du 11 octobre.

Luce Engérant | Le Délit

Le conseil législatif du 11 octobre était chargé. S’écoulant sur plus de cinq heures, les conseillers, dans une salle de plus en plus chaude, ont abordé bon nombre de sujets urgents, tels que la prise de position de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM, SSMU en anglais) sur les dernières élections québécoises, le droit aux grèves, l’adoption de la nouvelle politique sur les violences sexuelles et genrées (Gendered and Sexual Violence Policy en anglais, ndlr), ou encore le potentiel changement de nom des équipes universitaires de McGill.

Une prise de position controversée

Les remarques sur la publication des affaires externes de l’AÉUM sur l’élection de la CAQ, qualifiant le parti de « raciste » et « d’extrême droite », ont monopolisé la période de questions du conseil ; deux extensions ont été nécessaires. Sous la forme de questions rhétoriques, les conseiller·ère·s ont fortement critiqué l’emploi de termes exagérés, susceptibles de répandre de fausses informations, mais aussi la prise de position politique sans consultation de la population mcgilloise, et enfin le long délai pour supprimer la publication. Les réponses du président de l’AÉUM étaient courtes, et presque exclusivement composées d’excuses. Mais un autre genre de question s’est imposé : Bee Khaleeli, la coordinatrice de l’application de la politique sur les violences sexuelles, a demandé si l’AÉUM était prête à admettre que le nouveau gouvernement était bel et bien raciste, compte tenu de ses politiques d’immigration. Tre Mansdoerfer, hésitant, a admis qu’il considérait que le programme de CAQ comportait « plusieurs éléments racistes ».

« Bee Khaleeli souligne que […]cette solution s’impose à court terme comme la plus viable » 

Financement des services

La nouvelle politique sur les violences sexuelles et genrées a été adoptée à l’unanimité, visant entre autres la prévention de violences et l’adoption de procédures claires dans le traitement des plaintes, dans le cadre d’une approche intersectionnelle et centrée sur les besoins des survivant·e·s. Mais la mise en place de cette politique nécessite un nouveau financement, nécessaire pour la rémunération de deux nouveaux postes de « coordinateur·rice·s antiviolence », et d’un nouveau fond « antiviolence ». La proposition : des frais de 0.45$ par étudiant, inclus dans les frais de scolarité, non obligatoires. Bee Khaleeli souligne que bien que les étudiant·e·s ne devraient être contraint·e·s d’acheter leur propre sécurité, cette solution s’impose à court terme comme la plus viable. Le conseiller Lametti parle d’une « grave décision de gouvernance » ; il serait inacceptable de réclamer toujours plus de frais aux étudiants, et l’AÉUM devrait elle-même avoir plus de fonds pour financer ces projets. Il a en effet été question de cinq nouveaux prélèvements de frais au cours de la soirée.

Faire payer l’AÉUM semble être la solution préférable, mais impossible pour l’instant ; le v.-p. aux finances déclare que le budget n’est simplement pas suffisant. Un conseiller déclare : « Si un enjeu comme celui des violences sexuelles est réellement une priorité pour l’AÉUM, elle devrait trouver une façon d’obtenir des fonds ». À ceci, Jun Wang réplique qu’il serait injuste de retirer de l’argent à d’autres causes également importantes, comme celles des droits autochtones, pour ce nouvel enjeu. Bee Khaleeli critiquera l’hypocrisie de cette réponse ; il y a selon elle bien d’autres sources dans lesquelles puiser pour financer ces projets.

RedMen : à changer ?

La question de soumettre l’option, par un référendum, de changer le nom des équipes sportives de McGill, les Redmen, potentiellement inapproprié par sa connotation négative envers les Premières Nations, a aussi été soulevée. Un conseiller a critiqué la motion, expliquant que le nom ne faisait historiquement pas référence aux autochtones. Zach Kleiner, représentant le travail social, a immédiatement répliqué qu’il ne revenait pas aux membres du conseil de déterminer si le nom des équipes pouvait, ou non, offenser la communauté autochtone de McGill. La solution qui s’impose serait donc de simplement laisser les étudiant·e·s décider. 


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