Le Délit a rencontré Julie Lassonde, présidente du Comité spécial du Sénat sur les relations intimes entre des membres du personnel enseignant et des étudiant·e·s, en vue de leur rapport final attendu pour le mois de décembre, qui contiendra des recommandations pour les futures politiques de McGill.
Le Délit (LD) : Tout d’abord, pourriez-vous résumer le processus de sélection des membres du comité ?
Julie Lassonde (JL) : Ce que je sais, c’est que les membres du Sénat, lorsqu’ils ont décidé de mettre sur pied ce comité, ont demandé des suggestions de noms à un comité de nomination. J’assume que l’on s’est fié au jugement des membres, pour essayer de voir qui pourrait avoir l’expérience, le jugement nécessaire pour être dans un tel comité. Je pense que les membres du comité ne se présentent pas comme représentatifs de l’ensemble de la population de McGill, qui est énorme, mais qu’ils prennent leur mandat au sérieux, et se servent de consultations pour réfléchir à la question.
LD : Consulter la population mcgilloise fait partie du mandat du comité. Les consultations passées ont-elles eu du succès, et eu des impacts sur vos discussions ?
JL : Pour ce qui est de la consultation en personne du 18 septembre, nous avons choisi un lieu plutôt convivial où les étudiants pouvaient se rassembler. Nous avions deux personnes présentes pour offrir un soutien émotionnel, et avons adopté une formule de discussions en petits groupes, pour que les gens soient plus à l’aise. Ce que j’ai constaté, c’est qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre avec ces choses-là. Le ton était toujours respectueux, et les gens semblaient capables de s’ouvrir et de discuter ouvertement. Les commentaires que l’on a reçus par écrit étaient aussi vraiment très utiles, cela donne une perspective, chacun a son expérience. Nous travaillons d’ailleurs beaucoup avec des études de cas. On se demande : s’il se passait telle ou telle chose, qu’est-ce que l’on ferait ? Je pense que tous ces processus ont contribué à faire avancer la réflexion du comité.
LD : Pourriez-vous dire que vous commencez à vous orienter vers une direction précise ?
JL : Oui. Il y a déjà plusieurs questions évidentes sur lesquelles le comité a atteint un consensus. Mais il en reste des plus difficiles ; certaines directions se développent, mais ce n’est pas encore tout à fait clair. Il nous reste encore deux rencontres !
Le comité est libre de recommander ce qu’il veut, il n’y a pas de restrictions. Mais c’est un vrai exercice intellectuel de se demander ce qui est le plus approprié pour une politique concernant les relations intimes.
LD : En tant que présidente du comité, quels sont vos espoirs pour les mois à venir ?
JL : Je garde une certaine humilité quant à ce que ce genre de comité peut faire, mais j’espère avant tout qu’il sera satisfait de ses recommandations, des raisonnements derrière ceux-ci, bien que le comité soit conscient qu’il n’est chargé que de donner des recommandations, pas de décider des politiques.
J’espère surtout que les gens seront prêts à donner une chance à certains processus qui existent sur le campus. C’est difficile lorsque l’on a ces rôles, que l’on fait de notre mieux pour avoir un réel impact positif sur les gens, de voir qu’il y a une vraie méfiance vis-à-vis des systèmes internes de McGill. L’Université est tellement grande, on dirait qu’il y a 5000 mécanismes pour un seul problème ! Mais il y a toujours cette impression que rien n’est fait. C’est selon moi un vrai problème de transparence, de mauvaise communication. Et j’espère aussi que cela va changer. On ne peut pas s’en sortir sans certains mécanismes, même si ceux-ci sont imparfaits, il faut ainsi continuer à les améliorer. La dernière chose que je voudrais, c’est que les gens sentent qu’il n’y a aucun recours pour les aider, et qu’ils soient remis à eux-mêmes.
Pour chaque démarche qui cible un très gros problème, comme les violences sexuelles dans une société, il faut garder une perspective. Elles ne peuvent tout régler, mais ce sont des étapes, qui j’espère, ont un certain sens. C’est très sain que les gens discutent de ces questions ouvertement, que cela devienne un sujet politique, mais ce n’est pas suffisant. Il faut trouver des solutions, et ça cela veut dire transformer des systèmes complexes, comme l’Université McGill !