À l’aube du réveil de la conscience écologique mondiale, en 1960, un nouveau mouvement artistique voit le jour aux États-Unis : le land art. Il naît du sentiment d’urgence vis-à-vis du futur. L’objectif ? Donner à la nature et ses ressources une place dans l’art tout en développant un intérêt pour les substances naturelles brutes, repensant notre rapport aux espaces ainsi que notre intégration dans la nature.
Au rythme des écosystèmes
Interrogée par Le Délit lors de l’exposition Créations-sur-le-champ Land art au Mont-Saint-Hilaire, Lise Létourneau nous expose son approche : « Je travaille sur une base très intime. J’arrive dans un lieu qui m’inspire, et j’ai envie d’y travailler, même si l’œuvre peut disparaître presque instantanément. Je trouve que c’est une façon d’habiter un lieu. Le fait de travailler avec la nature [crée] une véritable harmonie, la sensibilité que l’on donne à notre œuvre est une façon de montrer aux gens la beauté de la nature pour [qu’ils n’oublient pas] d’en prendre soin ». Lise Létourneau « habille » la nature par des dessins, des morceaux de tissus, des fleurs. Sur la grève de l’Islet-sur-Mer, à Québec, l’artiste a tracé des lignes sur la pierre à l’encre de Chine, laissant les motifs évoluer au gré des marées et être absorbés par le paysage.
Sublimer la nature
L’artiste canadien Michel Gautier explique : « Je fais des choses qui retournent à la nature, [je garde toujours en tête], le cycle de la vie. Cela me permet de créer des œuvres éphémères car je sais que la nature va se les réapproprier. L’écologie est au centre du message que je veux faire passer. En réalité, c’est le seul message qui nous reste. Le monde d’aujourd’hui appartient aux jeunes et il est important de ne pas oublier que l’on respire grâce aux arbres. Il faut prendre soin de la nature qui nous fait vivre et qui nous nourrit. » Il replace ainsi l’écologie au centre de sa démarche artistique, utilisant son talent pour recréer un sentiment de connexion entre les jeunes générations et leur environnement. Son œuvre Je respire avec toi mon frère, exposée pour l’édition 2018, est un cri d’alarme vis-à-vis de l’exploitation de la planète, nous rappelant que nous ne pouvons vivre sans elle.
Le land art permet ainsi de faire l’éloge des ressources naturelles, tout en mettant en évidence la fragilité et l’autonomie de la nature à travers le caractère éphémère des œuvres créées. L’avenir du land art repose aujourd’hui sur une question majeure : comment la nature, source de cet art, va-t-elle évoluer dans le futur, que va-t-il en rester ? Les artistes sont toujours à la recherche de nouveaux paysages. Ils utilisent les éléments naturels pour transformer le paysage ; ou encore, pour, redonner un souffle artistique à des sites endommagés par l’industrie.