Souris Calle
Souris, le chat de Sophie Calle est mort. Connue pour ses œuvres à la première personne, l’artiste a invité une quarantaine de musicien·ne·s pour parler du félin chéri dans l’album Souris Calle. La photographe, plasticienne, femme de lettre, et réalisatrice (rien que ça) explore ici les limites de la notion d’auteur·e : à qui revient le crédit de la création ? Alors que le sujet et le propos original sont les siens, les mots, les langues et les musicalités de l’album sont ceux des artistes invité·e·s. Quand Calle parle du décès de Souris, elle souligne la violence de la perte d’un compagnon de vie de dix-sept ans, une expérience plus frappante que celle du décès de ses parents. Quelques-un·e·s des artistes connaissaient le chat, le reste a reçu une photo ainsi qu’une vidéo le montrant vivant avec Sophie Calle. La sélection des artistes est diverse et surprend : Bono côtoie entre autres Juliette Armanet, Jean-Michel Jarre, Pharrell Williams, Laurie Anderson ou Feu ! Chatterton. Dans l’ensemble, l’album est disparate. On passe de l’expérimental d’Anderson, à la douceur habituelle de Lou Doillon, puis au death metal de Linus Örhn. Disparate donc, mais l’album témoigne aussi de la singulière entreprise de Sophie Calle, qui étend ici son égocentrisme à son chat.
A Star Is Born
Un chanteur connu et installé dans sa carrière, une serveuse chantant Piaf dans un bar gay les jeudis soir, une étincelle, un coup de foudre, l’ascension fulgurante de cette dernière puis le déclin du premier. Voilà à quelques détails près la recette du succès qu’est le film A Star Is Born, porté à l’écran par Bradley Cooper et Lady Gaga. Les deux acteur·rice·s racontent une nouvelle fois une histoire qui a suivi l’évolution du cinéma hollywoodien. Si la performance de Lady Gaga surprend, émeut et nous montre un nouveau visage de la star, le film reste très classique. La réalisation, d’abord, est sans grande surprise. Quelques plans témoignent des élans créatifs de Cooper et illuminent ponctuellement les deux heures de film mais la caméra reste en général le support d’un récit presque aseptisé. Le scénario, assez prévisible, donne au public ce qu’il peut demander d’un film de ce genre : de l’intensité amoureuse, des hauts, des bas, le tout saupoudré de paillettes. Tout ça n’est pas très réjouissant, mais l’effet est là. Le film ne prétend pas offrir autre chose que le conformisme hollywoodien habituel. On pourra toutefois noter la voix de Gaga, le questionnement furtif autour de la dépression ou de l’addiction et une fin cathartique contribuant à l’épaississement d’A Star Is Born, et permettant à l’œuvre de devenir un exemple ultime de divertissement.