Dolly Blonde présentera son EP A Boy Called Wolf le 25 novembre à une soirée de lancement à la Vitrola. Je l’ai rencontré dans un café du Plateau, où il m’a parlé de ses projets et de sa vision. Rayonnant de positivité et de clairvoyance, Dolly Blonde se raconte dans cet échange.
Le Délit (LD) : Présente-toi, parle-nous un peu de ta musique !
Dolly Blonde (DB) : Bien sûr, mon nom est Charles mais mon nom musical c’est Dolly Blonde. Je suis étudiant en musique jazz à McGill et j’ai ce projet là à côté. Ma musique, c’est un mélange de pop, de 70s, 80s, de synth. Je m’inspire d’artistes comme Elton John ou Gaga, des groupes comme The Waterboys, The Smiths, c’est un mélange d’influences plus pop que jazz. C’est assez intéressant d’avoir commencé en jazz, et maintenant je m’oriente plus vers la pop.
LD : Quand as-tu commencé Dolly Blonde ?
DB : J’ai commencé Dolly Blonde l’année passée, en juillet. J’avais démarré avec une reprise d’une chanson de Dolly Parton, puis je me suis dit que je voulais la sortir, et j’avais besoin d’un nom d’artiste. Et la chanson que j’ai reprise c’était Dumb Blonde, donc je me suis dit : « OK, ce sera Dolly Blonde. » Ça fait donc un an.
LD : Parlons un peu de ton EP A Boy Called Wolf, qui va sortir en novembre.
DB : En fait c’est une continuation de mon EP Boudoir. Boudoir, c’était une collaboration avec le producteur Yan Etchevary. Il m’a dit « j’aime ta musique, on pourrait faire quelque chose avec », et c’est comme ça que ça a commencé. On a travaillé sur Boudoir pendant un an, on and off, en le faisant quand on en avait le temps. C’était une expérience dans un monde plus professionnel que ce à quoi je suis habitué. Avec cet EP là, j’étais très heureux du rendu très pop et bien rodé. Avec A Boy Called Wolf, j’ai composé pour tous les instruments moi-même, tous les arrangements, tout le mixage. Le thème de Boudoir c’était une réalisation de l’ordre de « t’es plus au Cegep, t’as déménagé, qui es-tu, qui est Dolly Blonde dans son identité musicale ? » A Boy Called Wolf, c’est comme l’histoire du garçon qui a crié au loup, c’est plus : « je suis la mauvaise personne et je viens de le réaliser » (rires, ndlr). C’est un peu bizarre, mais en écoutant l’EP dans son ensemble, ça fait du sens.
LD : Dans ta musique, tu mets une emphase sur le fait d’être un artiste queer. Que souhaites-tu représenter avec Dolly Blonde ?
Je veux représenter un genre de musique qui ne soit pas facile à catégoriser.
DB : Je veux représenter un genre de musique qui ne soit pas facile à catégoriser. Je veux un son identifiable, mais je ne veux pas qu’il soit pop, qu’il soit jazz, acoustique ou ballade. Je veux créer un autre genre de musique qui soit queer dans les histoires qu’il raconte, qui soit influencé par un maximum de choses, tout en étant un exutoire pour les thèmes que je traite. Ma musique est en quelque sorte conceptuelle. Pour cet EP, j’avais fait vingt chansons, mais à la fin il n’en reste que six. Mon processus c’est : écriture, écriture, écriture. Faire sortir les idées, trouver le thème. Pour A Boy Called Wolf, j’explorais le fait de faire semblant d’être quelque chose qu’on n’est pas. À partir de ça, j’ai exploré différents genres musicaux. J’ai commencé avec de la pop, j’ai fait une chanson de jazz, une chanson plus dance. Le son de Dolly Blonde bouge tout le temps, ça n’est jamais stable comme projet.
LD : Avec des chansons comme Fem 4 Fem ou d’autres, il y a‑t-il un message que tu souhaites faire passer ?
DB : Pour Fem 4 Fem, c’était plus une réponse à une situation qui m’est arrivée. C’était une situation de violence sexuelle. J’étais dans mon lit pendant une semaine, sans pouvoir en sortir, en train de m’en vouloir pour ce qu’il s’était passé. C’était plus une nécessité, j’avais besoin d’écrire cette chanson pour pouvoir passer à autre chose. Ça a commencé par une ballade, puis je me suis dit que j’allais accélérer la chose, et ça a donné ça. Fem 4 Fem c’est une chanson très spéciale, car elle n’a pas été commencée comme une chanson mais plus comme une lettre d’amour pour moi disant : « hey, ça va aller, tu vas vivre, tout va bien ». Si les gens veulent l’interpréter comme ça, libre à eux !
LD : Revenons sur tes sources d’inspiration, Elton John, Lady Gaga… Est-ce que c’est important pour toi d’avoir des icônes ou est-ce plutôt le côté musical qui t’inspire ?
DB : C’est vraiment plus le côté musical. Leur composition, leurs chansons, mais aussi leurs personnalités, pas tant dans leurs vies personnelles mais sur la scène. La personne qu’est Dolly Blonde sur scène n’est pas la même que celle ici (dans le cadre de l’entrevue, ndlr). Pendant un spectacle, je serais un peu fou. Pour le show du 25 novembre, j’ai demandé à ma coloc, qui est une tatoueuse, et je vais me faire tatouer sur scène. C’est vraiment pas la même personne. Donc je m’inspire vraiment de Lady Gaga et Elton John qui sont ces personnages plus grands que nature sur scène. Mais c’est la même chose dans le jazz. Des artistes comme Ella Fitzgerald, Frank Sinatra, Mel Tormé, sont des grands personnages sur la scène. Mais hors de la scène, ils savent ce qu’ils font, ils font tout eux-mêmes et aucune action musicale n’est pas pensée. Donc oui, pour ces artistes là, il·elle·s m’intéressent musicalement, mais aussi sur scène.
LD : Quelles sont tes ambitions ? Tes projets ? Où veux-tu emmener Dolly Blonde ?
Mon but avec Dolly Blonde était de faire le plus de musique possible.
DB : Le projet maintenant, c’est le show. C’est la première fois que je joue avec un groupe pour Dolly Blonde. Autrefois c’était juste moi et mon ordinateur, un microphone et un clavier. Le projet c’est de faire plus de spectacles, de jouer avec des instruments en live. Mon but avec Dolly Blonde était de faire le plus de musique possible. J’ai fait cinq EPs en un an. Après ce spectacle-là et cet EP, je veux faire un album au complet. C’est difficile d’être musicien et étudiant en musique en même temps. C’est vraiment dur de se séparer pour gérer les deux. Je veux aussi faire cet album avec des musiciens et musiciennes montréalais·es, québécois·es, des musicien·ne·s queers. Je veux utiliser tout ce que j’ai de disponible autour de moi. Parce que pour un musicien qui n’est pas dans ce programme (à McGill, ndlr) c’est difficile d’avoir ces opportunités-là. Je pense à faire des vidéos, peut-être une tournée cet été. C’est plus difficile de le faire tout seul, sans avoir de maison de disque. D’ailleurs, si certaines sont intéressées, manifestez-vous ! (rires, ndlr)