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Alice Kim, voix nord-coréenne

HanVoice permet aux étudiants d’entendre son témoignage. 

Taja Da Silva | Le Délit

Le 16 novembre prenait place l’événement Alice Kim : le Parcours d’une Transfuge Nord-Coréenne. (Alice Kim : The Journey of a North Korean Defector en anglais), organisé par l’Association des étudiants de l’Université McGill pour HanVoice. Cet événement s’inscrivait dans le cadre des activités de l’association, œuvrant pour la reconnaissance de la voix des réfugiés politiques nord-coréens.

La professeure Kazue Takamura, de l’Institut d’étude du développement international de McGill, ouvrait l’événement, en introduisant les notions de non-droit (rightlessness) et de silence forcé (voicelessness) qui sont souvent imposées aux réfugiés. Elle appuie ensuite sur l’importance de la reconnaissance des droits de ces derniers par la communauté internationale, ainsi que celle de l’existence de groupes, comme HanVoice Canada, soutenant leurs droits et voix.

La voix d’Alice Kim

Après ce discours, Alice Kim se lève et salue l’auditoire. Elle semble quelque peu intimidée, et affirme ne pas s’être attendue à une telle affluence, ce qu’elle nuance en ajoutant que le public la rassure quant à l’intérêt que portent les Canadiens sur la question des réfugiés nord-coréens. Elle entame ensuite sa propre présentation.

Elle est la fille de deux Nord-Coréens ayant fui le régime. Son père était un diplomate, envoyé en Chine alors qu’Alice Kim n’avait que deux ans. Lors de telles circonstances, le gouvernement autorisait le déménagement de la famille entière, à la condition qu’un membre reste en Corée du Nord. C’est ainsi que la sœur ainée d’Alice Kim, alors âgée de six ans, est restée en arrière, auprès d’un autre membre de la famille.

La politique du régime était alors, pour semer le doute, de ne pas préciser quel proche accueillerait le membre de la famille resté en Corée du Nord. La famille d’Alice Kim n’a toujours aucune idée de la situation de leur fille aujourd’hui. Malgré ce choix difficile, la famille a tout de même décidé de fuir la Corée du Nord, avec l’espoir de la retrouver un jour. Le père d’Alice Kim, de par sa position dans le gouvernement, était menacé, suite à la purge de nombreux officiers gouvernementaux ayant suivi l’accession au pouvoir de Kim Jong-il, prédécesseur de l’actuel dirigeant Kim Jong-un.

Alice Kim décrit deux types de réactions : une pitié débordante, ou un mépris lié à la crainte.

Périple vers la Corée du Sud

Cependant, comme l’explique Alice Kim, se séparer de la Corée du Nord ne se réduisait pas à simplement quitter le territoire nord-coréen. En effet, les relations entre la Chine et la Corée du Nord étant relativement bonnes, il fallait également que la famille quitte le territoire chinois. C’est ainsi que la famille Kim a fui pour la Corée du Sud, et plus particulièrement Séoul. Les difficultés de la famille ne s’arrêtent pas là ; une fois à Séoul, leur condition économique reste difficile, et ceux-ci font face à diverses discriminations liées à leurs origines nord-coréennes. Alice Kim décrit deux types de réactions : une pitié débordante, ou un mépris lié à la crainte. Ces deux réactions sont encore d’actualité pour elle, qui étudie à l’université à Séoul.

Espoir et souffrance

Le discours d’Alice Kim, bien que douloureux, n’est pas seulement négatif. De sa présentation émane un véritable espoir, qu’elle demande d’ailleurs au public de soutenir. Elle veut continuer à croire en une réunification des deux Corées, en la paix entre les deux peuples, en « l’effacement des frontières ». C’est pour cela, explique-t-elle, que celle-ci étudie les sciences politiques, qu’elle tente de faire entendre la voix des réfugiés nord-coréens, qu’elle tente de faire changer les politiques. Elle veut que ces dernières servent de gommes et de crayons, pour redessiner les frontières. Elle veut retrouver sa sœur.

Alice Kim, par le biais de sa présentation, met un visage sur les souffrances encourues par les réfugiés nord-coréens. Elle personnifie les nombres que l’on peut entendre lorsque l’on parle de la Corée du Nord. Son discours était un appel à l’aide, dirigé également vers le public.

De nombreux pays, dont le Canada, n’ont pas de programme d’accueil des réfugiés nord-coréens. Ces derniers sont considérés généralement comme sud-coréens et ne se trouvent donc pas, selon les autorités, dans une situation d’urgence quant à leur demande d’asile. Il est donc pressant pour HanVoice Canada, et pour bien d’autres associations et individus, d’améliorer leurs conditions d’accueil.
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