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Montréal (dé)cadenasse Airbnb

La ville s’attaque aux locations de logements illégales.

Iyad Kaghad | Le Délit

Des logements insolites, une immersion dans la culture et la vie d’une ville, le tout adapté à des budgets variés sont autant de promesses offertes par les sites de location à court terme, dont la tête de file est l’entreprise Airbnb. Le phénomène de location à court terme, soit de moins de trente-et-un jours, souvent dans un but touristique, est en pleine expansion et n’épargne pas Montréal. Selon un rapport publié par l’École d’urbanisme de McGill, Montréal et Toronto sont les villes canadiennes les plus touchées par ce phénomène. Si l’on peut y voir une croissance de l’économie touristique, la multiplication de ce type de locations pose tout de même quelques problèmes.

Locations problématiques

La location de logements à courts termes peut s’avérer très rentable, tant pour les particuliers que pour des entreprises spécialisées (dont la création est liée à l’expansion de ce type de location) avec des revenus pouvant s’élever à plus de deux cent mille dollars par an. Cependant, un premier problème peut être observé : ces logements ne sont pas disponibles pour des résident·e·s permanent·e·s, ce qui, dans certaines parties de Montréal, comme le centre-ville ou le Plateau (qui sont majoritairement touchées par ce phénomène), fait augmenter artificiellement les loyers. L’on a même observé à Montréal la présence d’immeubles comportant plus de logements loués à court terme qu’à long terme. Des problèmes de bruits, de pollution et de sécurité peuvent également être recensés.

Montréal réagit

Afin de répondre à ce problème, au travers de la loi 150, la ville de Montréal a établi la création de permis, délivrés par Tourisme Québec, qu’il est impératif de posséder afin de louer ou sous-louer son logement au travers de plateformes telles que Airbnb. Une distance de cent cinquante mètres entre les logements est également imposée. Cependant, il reste difficile pour la ville de s’assurer du respect de ces règles. De nombreux loueurs ne détenant pas de permis continuent d’utiliser les plateformes de location. 

C’est l’une des raisons qui a motivé l’administration de Valérie Plante à mener une opération coup de poing, visant à retirer les boîtes de clé présentes sur le domaine public utilisées par certain·e·s loueurs et loueuses afin de transmettre leurs clés aux voyageurs et voyageuses. Cette technique permet notamment au loueur ou à la loueuse de rester relativement discret ou discrète, en permettant aux locataires et locatrices d’avoir accès au logement sans que  celle ou celui-ci ait à se déplacer. Le 6 janvier 2019, de nombreuses boîtes-cadenas ont été enlevées par des agent·e·s de la ville. Certains cadenas avaient déjà été retirés par leur propriétaire à l’annonce de l’opération. Valérie Plante affirme que la présence de ces cadenas sur le domaine public est  « tout à fait inacceptable ». 

Airbnb rétorque

La plateforme Airbnb affirme en réponse que la location à court terme peut s’avérer être bénéfique pour la communauté et les commerces locaux. Selon elle, les voyageurs et voyageuses utilisant la plateforme de location visitent d’autres quartiers que le centre-ville. Ils et elles restent sur place plus longtemps et dépensent dans des commerces qui ne reçoivent pas d’argent des revenus du tourisme traditionnel. Sur son site, Airbnb affirme que la plateforme ne peut pas s’engager à donner des conseils légaux. La plateforme rappelle cependant l’importance de respecter la législation mise en place par la ville de Montréal en redirigeant les annonceurs et annonceuses potentiel·le·s vers les sites internet des services municipaux. 


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