Aller au contenu

Ce qu’en dit Suzanne Fortier

La principale s’exprime sur les enjeux majeurs actuels de l’Université.

Courtoisie de McGill

Au cours du semestre d’automne 2018, plusieurs enjeux ont monopolisé les discussions de la politique universitaire : McGill serait en retard sur le plan de mise en place d’une politique contre les violences sexuelles, ses équipes sportives porteraient encore un nom oppressif et colonialiste et l’Université échouerait à susciter la confiance de ses étudiant·e·s. La principale et vice-chancelière de l’Université McGill, Suzanne Fortier, a reçu quatre représentantes des quatre principaux journaux étudiants (le Daily, le McGill Tribune, le Bull & Bear et Le Délit) pour se prononcer sur ces sujets.

McGill dans l’illégalité ?

Un article de Radio-Canada affirmait le 11 janvier que McGill avait manqué la date limite du 1er janvier, imposée par la loi sur les violences sexuelles dans les établissements d’enseignement supérieur, pour mettre en place une politique visant à les combattre et à les prévenir. Interrogée sur ce sujet, Mme Fortier rétorque : « Nous avons adopté une politique sur les violences sexuelles en 2016. Nous n’avons donc pas manqué la date limite. » La Principale affirme que ce qu’il reste à faire est de s’assurer que la politique actuelle soit modifiée pour satisfaire les contraintes de la loi. Ces changements ne peuvent toutefois être apportés sans avoir, au préavis, examiné ce qui ne fonctionnait pas avant, ce qui s’est fait au cours du semestre d’automne 2018. « Notre emploi du temps n’a pas parfaitement concordé avec celui du Québec, c’est tout. Nous sommes encore en train de décider des ajustements nécessaires pour se complaire à la loi. […] À la radio, j’ai entendu quelqu’un dire que McGill « n’avait pas fait beaucoup d’efforts », mais ce n’est pas vrai du tout ! Nous étions précisément les premiers à avoir instauré une politique de violence sexuelle. Je pense que les journalistes n’ont pas fait leur travail complet de vérification des faits. »

McGill et sa lenteur

Cette discussion semble justement soulever l’argument qui revient souvent : McGill serait une institution qui prend son temps, surtout  lorsqu’il s’agit d’enjeux qui paraissent fondamentaux, comme les violences sexuelles, l’oppression des minorités, ou encore l’écologie. Chris Buddle, doyen des services aux étudiants, dit clairement : « L’on entend souvent comme critique que McGill est « lente », mais nous sommes en effet une institution prudente et réfléchie. Et je pense que cela est particulièrement important lorsqu’il s’agit d’enjeux aussi importants que le changement de nom. »

Suzanne Fortier, sur la question des relations professeur-élève, ajoute : « Nous accomplissons des actions immédiates quand la chose est évidente ; s’il y a un feu à McIntyre, nous agissons tout de suite. Mais lorsque la question concerne toute la communauté, et qu’elle demande vraiment réflexion, alors nous devons faire le travail correct de consultation. La question [des relations intimes] est complexe. Plusieurs fois, les gens qui ont vécu une expérience difficile, ou qui connaissent quelqu’un en ayant vécu une, demandent une action immédiate, sans se dire : cette décision-là pourrait être bonne pour ce cas particulier, mais peut-être pas pour la communauté en général. Par exemple, lorsqu’on nous demande d’abolir complètement ce type de relations, nous devons nous demander : quel niveau d’autorité devrions-nous exercer sur la vie privée des gens ? Est-ce à moi de décider si un·e TA de la Faculté de génie ne peut avoir une relation avec un·e élève en maîtrise dans le domaine des humanités ? »

Engagement à double voie

En réponse à une question du Délit sur les possibles moyens d’améliorer la transparence des processus de prise de décisions au sein du Conseil des gouverneurs, Mme Fortier tranche : « On le fait déjà ! Si vous prenez le cas de Divest, on a déjà notre plan de travail disponible sur les sites web. […] La transparence, c’est à double voie. […] Le secrétariat dit bien que si vous avez des opinions, envoyez-nous vos opinions, mais les gens ne les partagent pas. […] On fait des rencontres, on invite tout le monde et peu de gens se présentent. Alors je pense que c’est un travail important que l’on doit faire dans notre communauté, qu’on s’engage un peu plus chacun. Dans un climat de respect, mais qu’on s’engage ! […]»


Articles en lien