L’événement sportif et culturel, organisé sous le chapeau de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et rassemblant des jeunes francophones de 88 États, était censé avoir lieu dans les villes de Moncton et Dieppe, au Nouveau-Brunswick. Le retrait de la province intervient suite à plusieurs allusions à ce sujet par le nouveau premier ministre Blaine Higgs, issu du Parti progressiste-conservateur du Nouveau-Brunswick.
Contraintes financières
Le gouvernement néo-brunswickois cite le budget comme étant le principal facteur motivant ce choix. En 2015, suite à leur déclaration que Moncton et Dieppe hébergeraient l’événement, l’OIF avait annoncé que les coûts associés seraient de 17 millions de dollars. Toutefois, en novembre 2018 ce montant a été augmenté et a atteint les 130 millions. Le gouvernement fédéral avait promis de fournir la même quantité de fonds que la province, ce qui restait insuffisant selon le gouvernement Higgs. Le président de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick (une association défendant les droits des francophones et des Acadiens de la province), Robert Melanson, a déploré la stratégie du gouvernement fédéral, faisant remarquer que « [le Nouveau-Brunswick] est une province avec une population équivalente à celle de la ville de Québec » qui ne pourrait jamais se permettre de payer même la moitié de 130 millions.
Un événement rassembleur
Les Jeux de la francophonie ont eu lieu pour la première fois en 1989 à Casablanca et Rabah, où se sont rencontrées 39 délégations. Depuis, les Jeux se déroulent tous les quatre ans, alternant entre les pays du Nord et du Sud. Cet aspect, selon l’OIF, est crucial, puisqu’il permet à des pays qui n’accueilleraient pas habituellement un tel événement de le faire, « alors que la quasi-totalité des compétitions internationales se déroule dans des pays du Nord ou « développés » ». Les Jeux présentent un volet sport ainsi qu’un volet culture, tous deux munis d’une limite d’âge, permettant à la jeunesse francophone de pratiquer une multitude de disciplines. Le Nouveau-Brunswick aurait hébergé la 9e édition de cet événement.
Les Acadiens indignés
Robert Melanson a qualifié la décision du gouvernement Higgs de « catastrophe pour les Acadiens », qui perdent ainsi la chance d’héberger un événement rassemblant la communauté francophone internationale. Certains soutiennent que cette résolution s’inscrit dans la foulée de plusieurs autres décisions parfois qualifiées de francophobes, comme l’annulation par Doug Ford, premier ministre de l’Ontario, du projet de l’Université de l’Ontario français, ou encore la proposition – qui n’a finalement pas été adoptée – du gouvernement Higgs de ne plus obliger toutes les ambulances de la province à contenir au moins un·e ambulancier·e bilingue. Mélanie Joly, ministre canadienne du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, a d’ailleurs déclaré qu’ « encore une fois, nous voyons malheureusement un gouvernement conservateur qui délaisse son leadership en matière d’enjeux francophones ».
L’OIF rassure
Malgré tout, l’OIF a indiqué dans un communiqué être « confiante » quant au fait que les Jeux de la francophonie auront bien lieu en 2021 comme prévu. Le pays d’accueil reste encore à déterminer, mais devra être « du Nord », puisque les derniers Jeux ont eu lieu en Côte d’Ivoire en 2017.