Le Délit (LD) : Pouvez-vous vous présenter chacun et ensuite en tant que groupe, et nous raconter les origines d’ATLAS ?
Tommy Ledoux (TL) : Je suis le bassiste et je fais les back vocals.
Liam Girard (LG) : Je suis guitariste.
Olivier Girard (OG) : Je suis chanteur et guitariste du groupe.
TL : Notre histoire est que ATLAS a commencé sous un autre nom, The Harvest, l’époque sombre du groupe (rires, ndlr), un peu triste aussi. Dans le fond, ça a commencé avec juste moi comme membre original, pour ensuite changer beaucoup au fil du temps : les membres partaient et revenaient. Il y avait nous trois et Alex (le batteur, ndlr) pendant un moment, puis Alex est parti, et là on est maintenant. Dans le fond, on a vraiment commencé comme band de covers, plus en anglais, on se cherchait une identité. Finalement, on a vraiment décidé de chanter en français, et ça ne faisait pas l’unanimité.
OG : Ça s’est fait progressivement, je pense. Je ne me serais pas senti à l’aise d’être dans un band juste anglophone. Déjà là, ça n’a pas été long qu’on a commencé à chanter plus de français, et après on a pris la décision artistique de tout faire en français.
TL : Je pense qu’on a fini par trouver notre voie après notre premier EP. Avant, c’était un peu nébuleux.
OG : Sur notre premier EP, il y a beaucoup de temps entre chacune des chansons qui ont été composées. Justement, on a Oasis, qui est notre première chanson à vie, mais elle se retrouve avec des chansons qui ont été écrites peut-être quelques mois avant l’enregistrement. C’est sûr que, sur l’EP, la direction est un peu plus vague, mais tout ce qu’on a fait après le EP a commencé pas mal à s’aligner.
LD : Quelles sont vos influences ?
OG : C’est sûr, on ne va pas se le cacher, y a beaucoup de Karkwa, et de Louis-Jean Cormier. Même si je ne voulais pas, j’y peux rien. En même temps, j’ai tellement d’influences, avec tout le rock plus classique que mon père écoutait, comme Led Zeppelin, Supertramp, tous les gros bands rock des années 70. Mais sinon, la majorité de nos chansons ont été composées avec un drummer qui a beaucoup d’influences de métal progressif.
TL : Même si Alex n’est plus là, ça va quand même nous suivre, cette influence-là.
OG : Je pense qu’on peut dire que notre style est alternatif progressif.
LG : On a quand même tous des backgrounds différents. J’ai été pas mal toute ma vie dans des bands plus hardcore, alors c’est sûr que c’est quelque chose qui reste. Je pense que tout ça mit ensemble, ça fait un bon mix, et on continue d’évoluer ensemble aussi.
LD : Votre premier single, Oasis , a été écrit alors que vous étiez encore au tout début de votre secondaire. Diriez-vous qu’il est spécial pour la construction de votre band ?
TL : Absolument.
OG : Encore aujourd’hui, ça reste une des chansons les plus importantes pour le band, parce qu’elle a tellement évolué depuis qu’on l’a jouée à Secondaire en spectacle, en 2013. Cette chanson-là a quand même forgé notre son, parce que c’est la première fois qu’on a composé ensemble. La première composition, c’est la première fois où tous les membres d’un band jouent et apportent des choses. Les musiciens peuvent enfin s’exprimer et contribuer au tout. C’est sûr qu’en 6 ans, elle a beaucoup évolué.
LG : Juste si on écoute comment elle sonne sur l’album et comment on l’a jouée la dernière fois.
OG : Je pense que cette chanson-là ne va jamais arrêter d’évoluer.
TL : C’est notre Stairway To Heaven (rires, ndlr).
LD : Quelles sont les intentions de votre musique ?
OG : C’est dur à dire. En fait, si je trouve ça dur à dire, ça doit être que je n’ai pas une intention précise.
TL : Il faut parler aussi du processus créatif. Souvent, Oli va faire les riffs on the spot et ça va finir par évoluer, par faire boule de neige et ça va devenir une chanson. Ce n’est jamais avec une intention particulière qu’Oli va écrire la musique.
LG : Je pense qu’en tant que musicien, si je fais de la musique, c’est parce que ça me fait ressentir quelque chose. Je sors mes émotions à travers la musique. Je pense que si tu le fais comme ça, au bout de la ligne tu vas faire ressentir des choses aux autres. Il y a quand même beaucoup de chansons que j’entends et je me dis : « Bon, ce n’est pas nécessairement mauvais, mais est-ce que ça nous fait vraiment ressentir quelque chose, est-ce ça nous fait réfléchir ? » Je me dis : « crime, nous on travaille tellement fort à produire des chansons qui veulent dire quelque chose. »
On travaille tellement fort à produire des chansons qui veulent dire quelque chose
LD : Laquelle de vos chansons est votre préférée à jouer sur scène ?
OG : Je dirais que, dernièrement, c’est la chanson qui s’appelle La boussole. Quand on la joue live, c’est pas mal mon highlight de la soirée. Ça passe par tellement de places pendant cette chanson-là, que je peux autant me retrouver juste intime avec guitare et voix, que la fin qui « pète » tout, qui est hyper défoulante. C’est celle-là qui me fait passer à travers le plus d’émotions.
LG : J’allais dire La boussole moi aussi. Autant à la fin de la toune j’ai l’impression que mes doigts sont tout pognés et qu’ils ne voudront plus bouger, autant que je continuerais de la jouer à l’infini. Je pense aussi que Oasis, à chaque fois qu’on la joue, c’est plus gros et plus intense. C’est LA toune que les gens viennent voir et s’attendent à ce qu’on la joue.
TL : La dernière fois qu’on l’a jouée, c’était au bar FLYE, c’était le dernier show avec Alex, et c’était la dernière toune qu’on faisait avec lui. C’était un coup d’émotions d’une shot, moi j’ai pleuré tout le long de la toune (rires, ndlr). J’avais de la misère à chanter. Alors pour moi, Oasis est au top de mes chansons préférées à jouer en live, mais c’est vrai que La boussole est quelque chose. Je n’ai pas de mots pour décrire à quel point c’est le fun à jouer. Mais, Oasis reste mon petit chouchou. Et ce n’est pas tant le feeling qu’on a quand on la joue, mais le feeling que les gens nous apportent. Voir des lèvres chanter les paroles, ça fait chaud au cœur.
LD : Que jugez-vous qui vous distingue des autres groupes montréalais ?
TL : C’est le côté francophone de la chose. On est au Québec, c’est très important de garder notre langue, de chanter en français. C’est le meilleur moyen pour rejoindre les autres Québécois·es.
OG : C’est assez rare qu’on fait des shows avec d’autres bands francos. C’est arrivé une seule fois, avec De plume et d’encre.
TL : C’est une autre excellent band de Drummonville. On avait la même vision des choses, de trouver une place au rock dans la francophonie.
TL : Presque à chaque show, quelqu’un vient nous voir pour nous dire « Hey c’est vraiment le fun ce que vous faites, et c’est le fun que vous le fassiez en français ».
LG : On dirait que les gens n’osent pas. Ils trouvent ça cool, mais c’est comme épeurant de se dire qu’on se « restreint » en français, qu’on va devoir rester au Québec.
TL : Il y a des bands comme Harmonium et Offenbach qui ont réussi à percer à l’international. On voit ces gens-là et on sait que ça se fait. Ce sera à voir.