Au cours du mois de mars 2019, plusieurs médias nord-américains ont révélé un scandale concernant des fraudes dans les processus d’admission de prestigieuses universités américaines. Selon ces révélations, plusieurs parents – souvent issus des hautes sphères socioéconomiques états-uniennes – auraient versé des sommes élevées afin de garantir l’admission de leurs enfants dans des universités de la Ivy League telles que Yale, Stanford, et d’autres universités de grande renommée.
Qui est concerné ?
Plus d’une trentaine de parents se retrouvent aux prises avec la justice. La plupart sont des personnes fortunées, leur permettant de dépenser des sommes allant de $15 000 à $75 000 afin de garantir l’admission de leurs enfants. William Rick Singer, conseiller d’orientation et désigné comme l’initiateur de cette technique de fraude généralisée, est lui aussi poursuivi en justice. En tant que conseiller d’orientation, il aurait notamment participé à l’élaboration de fausses biographies pour certain·e·s étudiant·e·s potentiel·le·s, falsifié des résultats d’examens et versé des pots-de-vin. Il a avoué avoir créé une sorte de « porte-arrière » afin de faciliter l’accès aux universités pour un nombre restreint d’étudiant·e·s potentiel·le·s. Enfin, des nombreux entraineurs sportifs de différentes universités, sont aussi accusés d’avoir été impliqués dans ces activités frauduleuses. Ils sont accusés d’avoir reçu plusieurs millions de dollars afin de faciliter l’accès aux universités.
Les universités concernées, soit Stanford, Yale, UCLA (University of California, Los Angeles), Wake Forest, Georgetown, l’Université du Texas, l’Université de San Diego et USC (University of Southern California) ne sont, quant à elles, pas poursuivies par la justice.
Un processus organisé
L’ampleur de ce phénomène a permis de mettre au jour un niveau de corruption plus ou moins soupçonné du système d’admission des universités états-uniennes. Les méthodes pour contourner le système traditionnel revêtent des formes variées. La première est le versement d’argent en échange d’une falsification des notes aux examens. La deuxième consiste à permettre à une autre personne de passer les examens à la place de l’étudiant·e concerné·e. Pour ce faire, des pots-de-vin ont été versés aux examinateur·rice·s, afin d’éviter tout risque de délation.
Enfin, l’un des recours repose sur le système d’admission lié aux performances sportives. Les dossiers de certain·e·s potentiel·le·s étudiant·e·s ont été falsifiés afin de les faire passer pour des sportif·ve·s de haut niveau. Ce processus a même mené à l’utilisation de montages photo des visages des étudiant·e·s sur le corps d’athlète, ainsi qu’à la création de performances sportives fictives.
Les médias américains dénoncent ainsi un profond dysfonctionnement du système d’admission aux universités. Les idées d’égalité des chances et de méritocratie sont ainsi remises en question. De nombreux témoignages d’étudiants ou d’étudiantes potentiel·le·s démontrent le choc créé par ces révélations, plus particulièrement pour ceux et celles issu·e·s de milieux plus modestes, qui doivent déjà faire face aux processus coûteux d’admission, puis d’études.
Et le Canada ?
Un tel phénomène pourrait-il se produire au Canada ? Le système canadien prenant globalement plus en compte les notes obtenues lors du secondaire, ou du cégep pour le Québec, cela semble moins probable. Le mécanisme d’admission reposant sur le fait d’être athlète est également moins prévalent au Canada qu’aux États-Unis.
Cependant, certains médias canadiens comme Radio-Canada rappellent qu’il resterait essentiel de ne pas basculer dans une autocongratulation du système d’admission canadien actuel, et nécessaire de continuer les efforts ayant pour but de rendre accessibles les études universitaires à tous et à toutes.