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Forçons-nous à contrer nos biais

La section Société se présente et vous livre ses objectifs.

Béatrice Malleret | Le Délit

Au mois de mai dernier, les quatre groupes de défense démocratique et environnementale LeadNow​.ca, Canada 350, North 99 et Our Time, dans le cadre des élections fédérales, ont lancé une pétition exigeant à Radio-Canada/CBC la tenue d’un débat des chef·fe·s qui porterait exclusivement sur la question de l’urgence climatique. Plus de 48 000 signatures ont été récoltées et une forte pression a été exercée sur Radio-Canada, incluant une manifestation devant ses studios en juillet 2019. 

En plus de souligner que les dérèglements climatiques auxquels fait actuellement face le Canada ainsi que le reste du monde sont d’une gravité telle que ce sujet ne devrait pas être qu’un point de débat parmi tant d’autres, ces demandes font aussi réfléchir sur la responsabilité des médias quant à leur rôle au sein de nos sociétés. Ils se doivent non seulement d’informer de manière exacte, mais aussi de contribuer à amoindrir le biais de confirmation dont nous sommes tou·te·s victimes ; nous accordons tou·te·s plus de poids aux informations qui nous confortent dans nos opinions existantes. Et ce, en ignorant ou en décrédibilisant les voix qui remettent en question ces dernières, ce qui rend la communication entre différents groupes au sein d’une même communauté d’autant plus difficile. 

Bien que médias et journalistes soient évidemment aussi sujets à ce biais de confirmation, il·elle·s ont le pouvoir – et le devoir – de replacer au centre des discussions les sujets et les personnes que l’on choisit souvent d’ignorer par peur, par incompréhension ou par refus de se remettre en question à la fois collectivement et individuellement. À petite échelle, et en saisissant pleinement la complexité et l’envergure qu’une telle tâche représente, la section Société du Délit essayera, tout au long de l’année, d’assumer la responsabilité de prioriser les perspectives sous-représentées dans les grands médias, et ce, spécialement dans le cadre d’un campus majoritairement canadien et très privilégié. La section sera, comme durant le semestre d’hiver 2019, divisée en deux catégories distinctes mais complémentaires : Opinion et Enquête. 

Des opinions et des faits 

Le titre « Opinion » est quelque peu réducteur, car cette sous-catégorie de la section englobe en réalité plusieurs formats possibles : témoignages, entrevues, tribunes, analyses… Le mot société est vaste, et les sujets qui peuvent être couverts le sont bien plus encore. Nous espérons qu’ils refléteront la diversité des expériences qui marquent les étudiant·e·s francophones de McGill.

La particularité de la section Société est qu’elle permet d’exprimer un point de vue et même d’initier au sein de ses pages un débat, d’une semaine à une autre, entre un·e auteur·rice et un·e autre. Le but étant de s’exposer à des idées et des vécus qui ne sont pas forcément les plus répandus, toujours de manière respectueuse, inclusive et informée. 

Contrer le sensationnel 

Au printemps dernier, un sondage créé par la Fondation pour le journalisme canadien révélait que près de 52% des canadien·ne·s lisaient les nouvelles via leurs réseaux sociaux, et cette tendance est encore plus visible chez les milléniaux : pour eux, c’est 70%. Sur ces plateformes, et au fur et à mesure des réactualisations de nos feeds, les informations sous forme d’alertes semblent aussi vite apprises qu’oubliées, sans pour autant avoir obtenu toutes les réponses. La section Société, une fois par mois, publiera une enquête ou un reportage qui prendra toutes ses pages. Ceux-ci seront le produit de plusieurs semaines de recherches et de rencontres, pour contrebalancer ce phénomène en tentant de répondre au plus de questions possibles.

Dans le contexte de McGill même, et par le biais de ses journaux étudiants, des flots d’informations nous sont communiqués chaque semaine : nouveau mouvement étudiant, règlement ou loi qui viennent d’être passés, initiative tout juste créée… La section enquête tentera de dépasser la dimension spontanée de la nouvelle et d’exposer les éléments souvent omis lorsque l’on parle de ces évènements. Par exemple : comment le mouvement s’est-il formé ? Quels peuvent être les obstacles rencontrés lorsqu’on tente de créer un mouvement étudiant qui exercerait une réelle influence ?

Qu’elle soit sous forme de reportage ou d’enquête, cette deuxième composante de la section Société tentera d’examiner à la loupe des sujets donnés, mais aussi de rendre plus transparents des enjeux qui nous semblent parfois trop grands et inaccessibles. 


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